Interactions
Vous trouverez dans cet espace des informations utiles pour « Comprendre » une thématique donnée à la lumière des principes d'égalité entre les femmes/filles et les hommes/garçons.
La partie « Agir » vous propose, quant à elle, diverses pistes à mettre en pratique.
Pour aller plus loin et découvrir des ressources sur la thématique, il vous suffit de consulter le « Catalogue », de la sélectionner ainsi que le type de support que vous souhaitez utiliser. Ces ressources sont mises à disposition pour enrichir vos connaissances et celles de vos élèves sur le sujet.
Comprendre la thématique
L'école est bien plus qu'un lieu d'apprentissage. Elle est le lien où se façonne le futur de nos sociétés. Dans ses murs, se tissent les premiers liens sociaux, s'acquièrent les valeurs et les normes qui guideront les générations futures. L'école est un espace où l'enfant apprend à se connaître, à comprendre le monde qui l'entoure, et à se forger une identité.
Au sein de cette communauté éducative, les enseignant·es et les élèves partagent bien plus que des salles de classe. Ils partagent des expériences, des idées, des préjugés, et des stéréotypes. Ils partagent la parole, l'écoute, et parfois, malheureusement, des discriminations et des comportements hostiles. Dans cette fiche, nous allons explorer les impacts que peuvent avoir les interactions à l'école, en mettant en lumière la manière dont elles peuvent influencer notre compréhension du genre, notre perception de l'homophobie, et les inégalités qui en découlent. Nous allons nous intéresser au rôle crucial que peut avoir la langue, l'écriture inclusive, et la lutte contre les insultes pour créer des environnements éducatifs plus égalitaires, inclusifs, et respectueux.
Qui parle le plus ?
Socialisation et construction de l'Identité
Les interactions à l'école jouent un rôle central dans la socialisation des enfants, les aidant à comprendre leur place dans la société et à construire leur identité. En interagissant avec leurs pairs et leurs enseignant·es, les enfants sont exposés à une multitude de perspectives, de valeurs et de normes sociales. Ces interactions façonnent leur compréhension des attentes sociales, des rôles de genre et des comportements acceptables.
Les relations à l'école peuvent renforcer ou remettre en question les stéréotypes de genre. Par exemple, lorsque les filles sont encouragées à exceller en mathématiques et que les garçons sont encouragés à s'exprimer émotionnellement, cela défie les normes traditionnelles de genre et permet aux élèves de voir au-delà des stéréotypes.
De plus, les interactions à l'école influencent la construction de l'identité de chaque élève. Les enseignant·es, en particulier, jouent un rôle crucial en fournissant des modèles d'adultes, en offrant un soutien et en encourageant la confiance en soi. Ainsi, une interaction positive avec un enseignant peut donner à un·e élève la confiance nécessaire pour poursuivre ses rêves et aspirations.
Les interactions positives à l'école contribuent également à renforcer la confiance en soi des élèves. Lorsqu'ils reçoivent un soutien social et des encouragements de la part de leurs pairs et de leurs enseignant·es, les élèves sont plus enclins à se sentir valorisés et compétents.Cela peut avoir un impact profond sur leur estime de soi et leur attitude envers l'apprentissage.
Les interactions positives renforcent également la résilience des élèves. Savoir que l'on peut compter sur un réseau de soutien à l'école, que ce soient des amis ou des adultes bienveillants, peut aider les élèves à faire face aux défis académiques et personnels avec une attitude positive.
La répartition de la parole
L'utilisation du temps de parole se développe progressivement. Dès la maternelle, il est observé que les garçons sont plus fréquemment encouragés à s'exprimer que les filles, indépendamment du genre de l'enseignant·e. Les garçons sont plus souvent sollicités et lorsqu'une question est posée à toute la classe, ils ont plus souvent la possibilité de répondre et disposent de plus de temps pour élaborer leur réponse. De plus, les enseignant·e·s interagissent plus fréquemment verbalement avec les garçons, utilisent un éventail plus large de termes pour les interpeller, et leur adressent un plus grand nombre de commentaires, d'encouragements, de questions et d'indications.
Lorsque les filles ont la parole, elles sont plus fréquemment interrompues par les garçons qui sont plus habitués à intervenir. En général, les enseignant·es portent plus d'attention aux garçons, les percevant comme plus bruyants et actifs. Si l'enseignant·e n'intervient pas, cela peut implicitement apprendre aux garçons qu'ils peuvent interrompre impunément et attirer l'attention en étant turbulents. Il est donc essentiel que les adultes en contact avec les élèves agissent de manière à ce que les garçons ne monopolisent pas l'ensemble de l'interaction verbale en classe et que la parole puisse circuler de manière équitable.
Certaines affirmations découlent d'une multitude de recherches qui se sont penchées sur les pratiques pédagogiques susceptibles d'influencer les performances et les expériences éducatives quotidiennes des filles et des garçons.
Les attentes des enseignant·es peuvent jouer un rôle dans la création de disparités entre les filles et les garçons. Comme c'est le cas pour toute personne, les attentes des enseignant·es sont façonnées par divers facteurs, tels que l'apparence physique, l'origine ethnique ou sociale, ainsi que le genre des élèves. Certaines de ces représentations que les enseignant·es ont des filles et des garçons peuvent être empreintes de stéréotypes, sauf en ce qui concerne les aptitudes intellectuelles, souvent perçues comme indépendantes du genre de l'élève.
Par exemple, les qualités telles que l'application, le soin, la patience et l'ordre sont souvent associées à des caractéristiques typiquement féminines, tandis quel'agressivité, l'agitation et la compétitionsont davantage considérées comme des traits masculins. Les enseignant·es sont parfois influencé·es par ces stéréotypes de genre, ce qui les conduit parfois à opposer systématiquement les filles aux garçons en fonction de leur degré d'adhésion aux normes scolaires.
Les élèves sont soumis à des normes de comportement différentes, avec des attentes distinctes selon leur genre. Les enseignant·es ont souvent tendance à être plus indulgents envers les comportements indisciplinés des garçons tout en stigmatisant davantage ceux des filles. Les réussites des filles sont souvent attribuées à leur travail acharné, tandis que les échecs des garçons sont associés à un manque d'effort, et leurs succès sont souvent perçus comme le résultat de leurs capacités et compétences innées.
Ce phénomène peut s'expliquer en partie par le fait que les enseignant·es interagissent plus fréquemment avec les garçons qu'avec les filles. En effet, les interactions en classe entre les enseignant·es et les élèves jouent un rôle important dans la création de ces disparités de traitement. Des études menées dans différents pays et niveaux de scolarité ont révélé que les garçons occupent une place plus prépondérante sur le plan verbal en classe. Ils ont tendance à prendre la parole plus fréquemment de manière spontanée par rapport aux filles. Cette tendance permet aux garçons de développer leurs compétences en expression, affirmation de soi et remise en question de l'autorité.
Les enseignant·es réagissent davantage aux interventions spontanées des garçons, leur accordent plus d'attention en leur donnant des instructions plus complexes, et les félicitent plus fréquemment lorsque les résultats sont positifs. En revanche, les critiques sont généralement plus sévères lorsque les résultats sont moins favorables. De plus, l'impact du genre sur les interactions verbales en classe varie selon que ces interactions sont initiées par les élèves ou par les enseignant·es.
En ce qui concerne les interactions initiées par les élèves, les garçons ont tendance à intervenir de leur propre initiative, à s'exprimer plus fréquemment que les filles, et à interrompre plus spontanément le cours, que ce soit pour poser des questions ou faire des commentaires. Néanmoins, cette tendance est plus liée aux différences de comportement entre les filles et les garçons qu'à une disposition des enseignant·es à agir différemment en fonction du genre de l'élève.
En résumé, il est possible de constater une prédominance des garçons en termes d'occupation de l'espace sonore en classe, principalement parce qu'ils ont généralement plus d'interactions verbales avec leurs enseignant·es que les filles. Cependant, cette domination semble résulter davantage de la tendance des enseignant·es à réagir aux différences entre les sexes en matière de prise de parole spontanée, à les tolérer ou à les accepter, plutôt que d'une volonté de se comporter différemment envers les garçons et les filles pendant les séquences d'enseignement.
- Genre et dynamique interactionnelle dans la salle de classe : permanences et changements dans les modalités de distribution de la parole, article de Annette Jarlégan dans les Français d'ajourd'hui, n°193, 2016
- L'hétérogénéité sexuée en classe : effet du genre sur les attentes des enseignant·es en classe et les interactions verbales enseignant·es-élèves, article de Annette Jarlégan, Youssef Tazouti et André Flieller dans Le Dossier de Science de l'éducation n°26, 2011, p.33-55
- Effet et limites de la mixité scolaira dans Travail, article de Nicole Mosconi dans genre et sociaté n°11, 2004, p.165-174
Est-ce que la langue française est neutre ?
L'objectif principal de l'écriture inclusive est d'assurer une représentation égale des femmes et des hommes, tout en luttant contre les inégalités de genre. La diffusion progressive de termes tels qu' « autrice », l'utilisation de certaines formes de langage plus inclusives (comme « Bonjour à toutes et tous »), ainsi que le déclin de certaines appellations comme « mademoiselle » au profit de « madame », témoignent de la possibilité de changer et de faire disparaître la prédominance du masculin et les expressions sexistes dans la langue. Cela démontre que la langue est un élément vivant et évolutif, et qu'il n'y a pas de destinée linguistique inéluctable.
Lors de nos interactions verbales, nous employons une langue qui accorde une valeur universelle au masculin, comme le montre l'expression « les Droits de l'Homme » (au Québec, on préfère « les droits de la personne »). Cette pratique a pour effet de marginaliser les femmes en les rendant invisibles (en ne formant pas de féminin pour certaines professions valorisées) ou en portant atteinte à leur dignité (en attribuant une connotation péjorative au féminin de certains mots, par exemple, « un gars » versus « une garce » ou « un entraîneur » versus « une entraîneuse »).
« Un père et sa fille sont victimes d'un accident de voiture. On les transporte d'urgence à l'hôpital. Le père meurt dans l'ambulance. La fille est dans un état critique, il faut lui faire une intervention chirurgicale. En voyant la patiente, le médecin qui devait faire l'opération s'écrie : "C'est ma fille !". Comment cela est-il possible ? ».
La plupart des personnes interrogées ne parviennent pas immédiatement à trouver la réponse. le constat est que l'utilisation de l'article « le » devant le mot « médecin » renvoie communément à une personne de genre masculin plutôt qu'à l'Humanité dans son ensemble. Ce simple article restreint la pensée à l'image d'un homme, même si la profession médicale est actuellement largement féminisée, avec un nombre d'étudiantes en médecine qui dépasse même celui des étudiants.
La langue française n'est pas être considérée comme neutre
L'universel, ce qui est censé être neutre, est généralement exprimé au masculin. Cette convention a été établie à partir du XVIIe siècle, lorsque l'accord du verbe ou de l'adjectif s'est aligné sur le genre masculin. Auparavant, l'accord se faisait en fonction du substantif le plus proche, conformément à ce que l'on appelle l'accord de proximité.
La règle grammaticale stipulant que « le masculin l'emporte sur le féminin » a été introduite plus précisément en 1789, lorsque l'Assemblée française a choisi l'expression « Droits de l'homme », considérant que, malgré leur contribution significative pendant la Révolution, les femmes n'étaient pas l'égale des hommes en raison de préjugés sur leur intelligence supposée inférieure.
De nombreuses professions avaient des formes féminisées jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, telles que « autrice », « écrivaine » ou « peintresse », mais elles ont été supprimées au profit de la forme masculine unique.
Au XIXe siècle, de nombreuses professions, comme « avocates », « pharmaciennes » et même « bachelières », qui étaient autrefois réservées aux hommes, ont subi une dévalorisation. Cela coïncide avec l'entrée des premières femmes à l'université. Il est intéressant de se questionner sur les contextes politiques et sociaux qui ont fait émerger le débat sur un langage non sexiste. Les controverses liées à l'évolution de la langue française à l'époque contemporaine, en France et ailleurs en Europe, surviennent dans des contextes où l'égalité des genres progresse.
Les débats concernant l'écriture inclusive peuvent être interprétés comme une réaction aux transformations sociales et culturelles qui donnent voix aux minorités. Ces règles linguistiques ont des répercussions sur notre perception du monde et contribuent à façonner notre culture. Elles influencent la formation de nos idées, de nos perceptions et de nos comportements.
Dans les écoles, où les enfants apprennent et grandissent, on leur dit souvent que "Le masculin l'emporte". Cela signifie que, même si on parle des deux genres, on utilise généralement le masculin comme le plus important. Cette idée peut influencer la façon dont les enfants voient les hommes et les femmes dans la vie quotidienne et peut contribuer à perpétuer toutes les formes de marginalisation sociale et politique des femmes.
Utiliser un langage inclusif en classe, c'est parler d'une manière qui inclut tout le monde de manière égale. Cela peut rendre l'apprentissage plus attractif pour tout le monde. En utilisant ce type de langage, on peut aussi montrer que l'égalité entre les genres est importante en classe, et donc dans la société en général.
Un langage inclusif, c'est un langage qui reflète les femmes et les hommes en donnant des noms et des titres qui les incluent tous les deux, sans montrer de préférence pour un sexe. Cela aide à éviter d'utiliser des mots ou des expressions qui peuvent être discriminatoires.
Déconstruire les insultes : un langage dépourvus de violences
Démystifier les insultes : Opter pour un langage respectueux
Les insultes se manifestent sous diverses formes et touchent toutes les tranches d'âge, ainsi que tous les établissements scolaires. Les adolescent·es ont tendance à utiliser des insultes de façon régulière, parfois sans vraiment comprendre à quel point elles peuvent être blessantes.
Ces insultes incluent des commentaires sexistes et des injures dirigées à la fois vers les filles et les garçons. Elles visent souvent à dévaloriser en se focalisant sur les caractéristiques physiques, intellectuelles et même sur la vie sexuelle de leurs camarades de classe. Les insultes sexistes et LGBTphobes ont en commun le fait de rabaisser la personne visée et, lorsqu'il s'agit de garçons, de les présenter de manière efféminée, les excluant ainsi du groupe des pairs.
Il est important de réfléchir au sens de ces injures et de remarquer celles qui portent atteinte à l'un ou l'autre genre. Par exemple, des termes tels que « sale pute », « blonde », « salope », « pétasse » et « connasse »sont souvent utilisés pour dénigrer les filles, tandis que « pédé », « gonze », « enculé », « fils de pute » et « espèce de con »sont couramment employés pour dénigrer les garçons.
Former des citoyen·nes qui préviennent le harcèlement à l'école de manière plus efficace
Lorsque l'on parle du processus par lequel les filles et les garçons développent leur identité en fonction de leur genre, on aborde également la question du sexisme et de LGBTphobie. Ces deux problèmes découlent de l'idée que les hommes et les femmes sont fondamentalement différents, ce qui justifie la répartition inégale des rôles entre les genres. Les insultes sexistes et LGBTphobes s'attaquent précisément à ce qu'ils et elles considèrent comme une transgression des normes de genre : par exemple, en traitant un garçon d'efféminé, on sous-entend qu'il pourrait être homosexuel, tout en insinuant que les garçons homosexuels sont moins « masculins » ou « virils » que les garçons hétérosexuels. De plus, en associant la féminité à quelque chose de négatif, cela implique que « être comme une fille » est dévalorisant.
Les manifestations de LGBTphobie à l'école peuvent être considérées comme une forme de harcèlement. Elles peuvent avoir un impact sérieux sur le développement personnel de l'élève et même compromettre sa réussite scolaire. Prévenir ces comportements au sein de l'école est une priorité, car cela garantit la sécurité de tous les élèves et favorise l'égalité des opportunités pour chacun·e.
Comment identifier les attitudes LGBTphobes ?
L'homophobie, la biphobie et la transphobie se nourrissent de préjugés basés sur le genre et se manifestent de différentes manières, telles que la discrimination, la violence physique, les insultes, les moqueries, les blagues et les commentaires désobligeants. Ces comportements peuvent sembler anodins entre adolescents, mais ils peuvent avoir des conséquences graves s'ils perdurent.
Qui sont les victimes de la LGBTQIA+phobie à l'école ?
- Les jeunes LGBTQIAP+ (Lesbiennes, Gays, Bisexuels, Transgenres, Queer, Intersexes, Asexuels, et d'autres identités apparentées) ;
- Les personnes qui cachent leur orientation sexuelle par crainte de subir des discriminations ;
- Toutes les personnes qui ne se conforment pas aux stéréotypes de genre traditionnels ;
- Les enfants issus de familles homoparentales ou ayant un parent homosexuel.
En conclusion, en moyenne, au moins deux élèves par classe sont susceptibles d'être concernés par ces questions. Si l'on ajoute les jeunes hétérosexuels qui ne se conforment pas aux stéréotypes de genre, ainsi que les enfants élevés par des familles homoparentales ou ayant un parent homosexuel, il est probable que plus d'un million d'élèves seront potentiellement touchés par des discriminations liées à l'orientation sexuelle ou à l'identité de genre au cours de leur scolarité.
Exemples de comportements LGBTphobes
- Faire des commentaires humiliants en se basant sur l’orientation ou l’identité sexuelle de quelqu’un·e ;
- Imposer des normes sociales en critiquant une fille ou un garçons parce qu’on la considère pas assez féminine ou pas assez viril ;
- Faire des commentaires misogynes (traiter un garçon de « fille » comme si c’était une insulte) ;
- Insulter une personne d’« enculé », de « pédé », de « gouine », de « travelo », etc. ;
- Donner des injonctions vestimentaires liés au genre ;
- Diffuser des rumeurs sur la vie sexuelle de quelqu’un·e ou même juger quelqu’un·e pour sa vie sexuelle ;
- Faire des menaces à caractère sexuel.
L’apprentissage du respect est un enjeu majeur pris en charge par l’ensemble des établissements scolaires. La culture de l’égalité ainsi que la compréhension d’autrui sont des armes essentielles pour combattre les violences et discriminations sexistes et LGBTphobes.
Les interactions à l'école sont bien plus que de simples échanges verbaux ou sociaux. Elles façonnent la manière dont les enfants perçoivent le monde, les autres et eux-mêmes. C’est pour cela que ces interactions doivent également être envisagées dans le contexte de l'éducation à l'égalité des genres et à l'inclusion. L'école dépasse le simple rôle d'enseignement des connaissances. Elle constitue le lieu où se développent les valeurs qui influencent notre avenir en tant que société.