Famille
Vous trouverez dans cet espace des informations utiles pour « Comprendre » une thématique donnée à la lumière des principes d'égalité entre les femmes/filles et les hommes/garçons.
La partie « Agir » vous propose, quant à elle, diverses pistes à mettre en pratique.
Pour aller plus loin et découvrir des ressources sur la thématique, il vous suffit de consulter le « Catalogue », de la sélectionner ainsi que le type de support que vous souhaitez utiliser. Ces ressources sont mises à disposition pour enrichir vos connaissances et celles de vos élèves sur le sujet.
Comprendre la thématique
La famille est un lieu incontournable d’apprentissage et de transmission de cadres et de normes sociales, dont les normes de genre font partie. Elle reste un lieu de rapports de genre inégaux car les femmes prennent majoritairement en charge le travail domestique dans le cadre des couples hétérosexuels : tâches ménagères, éducation des enfants, soin au sens large apporté aux différents membres de la famille dont les personnes âgées ou malades, etc. Cela a pour conséquence de réduire leur autonomie et leur capacité à s’investir dans d’autres sphères. La famille reste également un milieu où s’expriment des violences.
Aujourd’hui, les enseignant·es ont en classe des élèves qui vivent dans des familles monoparentales, homoparentales, recomposées, adoptives, de culture différente, en situation de précarité,etc. Des jeunes qui ne se trouvent pas toujours dans une configuration qui a longtemps été considérée comme la « norme », c’est-à-dire dans une famille hétéroparentale, blanche, de classe moyenne à supérieure et dont les membres sont valides. Ces élèves ont pu et peuvent encore se sentir marginalisé·es et en souffrir.
Dans cette partie, nous commencerons par souligner le rôle de socialisation que remplit la famille au même titre que l’école. Nous réfléchirons à la façon dont ces deux instances de socialisation peuvent contribuer à une société plus égalitaire. Ensuite, nous définirons différents modèles de familles dans le but de prendre en compte leur diversité.
Nous proposerons un volet avec des références et des recommandations pratiques.
Premier lieu de socialisation
La famille est le premier lieu de transmission d’un cadre et de normes culturelles, économiques et affectives. Elle joue un rôle important dans l’éducation au même titre que l’école qui correspond quant à elle à la deuxième instance de socialisation des enfants. Bien souvent, elle représente le groupe auquel les individus se sentent le plus liés jusqu’à l’âge adulte. Cela se traduit par une reproduction sociale, autrement dit par des comportements identiques à ceux des autres membres de la famille et en particulier les parents. Les sociologues contemporain·es soulignent le rôle important que la famille joue dans la construction de l’identité personnelle de ses membres. Face à la transformation du concept même de famille, quel rôle les familles contemporaines jouent dans la socialisation des enfants en matière de normes de genre ?
La famille contemporaine est plurielle, tant les modèles sont aujourd’hui nombreux. En effet, l’importance de la notion de mariage a commencé à décroître dès les années 1950. Actuellement les jeunes se marient de plus en plus tard, ce qui augmente la proportion de célibataires et de cohabitant·es au sein de la population. Les enfants vivent de moins en moins dans des familles de parents mariés et de plus en plus dans des familles monoparentales, des familles recomposées ou des cohabitant·es légaux ou encore des colocations. L’évolution des modèles familiaux s’explique en partie par l’évolution des rapports entre les femmes et les hommes et notamment par l’émancipation des femmes et l’avancée de leurs droits.
Vers une transformation des modèles familiaux ?
Il est difficile de séparer les transformations de modèles familiaux de l’émancipation des femmes et vice versa. Aujourd’hui, nombreuses sont les femmes qui ne se définissent plus uniquement comme les mères de/les épouses de mais aussi à travers leur activité professionnelle. Cela est possible en raison de l’augmentation de la présence des femmes sur le marché du travail ces dernières décennies. Pourtant, notre société reste marquée par une division sexuelle des activités : les identités masculines sont encore principalement construites autour du travail tandis que les identités féminines le sont autour des tâches domestiques.
Genre et emploi du temps : la répartition des tâches domestiques en question
Déménager pour suivre son entreprise, prendre un mi-temps et risquer d’être moins payé·e mais éviter de devoir mettre ses enfants à la garderie ou encore pouvoir faire preuve de flexibilité dans ses horaires de travail, etc. Ce sont autant de questions qui pèsent sur les hommes et sur les femmes aujourd’hui. Bien que les femmes soient de plus en plus présentes sur le marché du travail, elles assument toujours une part importante des tâches ménagères et de soins.
Leur volonté de s’inscrire également dans une autre sphère que celle de la famille, comme leur activité professionnelle, se confronte à certaines réticences idéologiques qui considèrent que les tâches domestiques reviennent principalement aux femmes. Leur identité se définirait par conséquent encore en priorité autour de leur rôle d’épouse ainsi que de mère lorsqu’elles ont des enfants.
Ainsi, les femmes restent majoritairement dans une relation de service et de disponibilité permanente à leur conjoint et à leurs enfants éventuels. Il est donc plus facile pour les hommes de pouvoir s’investir dans leur activité professionnelle sans avoir à culpabiliser du peu de temps investi dans et pour la famille et ce, d’autant plus qu’ils ont tendance à avoir des revenus plus élevés que leur conjointe. Leur investissement dans la sphère professionnelle tend à être considéré comme plus rentable et plus légitime que celui de cette dernière.
Les activités domestiques devraient pourtant être perçues comme un travail au même titre que les activités professionnelles. Cela permettrait de contribuer à envisager une division du travail à la maison plus juste et équitable. Il faudrait ainsi repenser les rôles des pères et des mères au sein de la famille. Les politiques sociales et familiales devraient offrir les mêmes opportunités aux deux. Pour se faire, elles doivent entre autres passer par une revalorisation des activités professionnelles des femmes.
Monoparentalité : une histoire de genre
Définition de famille monoparentale : il s’agit d’un ménage avec un seul·e parent et au moins un enfant à charge. Ce parent éduque et prend en charge financièrement tous les coups liés à son ou ses enfants.
Une réalité avant tout vécue par les femmes
Les parcours de vie qui mènent à la monoparentalité sont divers (séparation, décès, violences conjugales, etc.). Un constat apparaît néanmoins de façon récurrente : 86% des chef·fes de familles monoparentales sont des femmes. Il s’agit d’un phénomène genré qui doit être traité comme tel. Autrement dit, non seulement la majorité des familles monoparentales sont constituées par des femmes qui élèvent seules leurs enfants, mais en plus de cela, les problèmes rencontrés par ces familles sont imprégnés et renforcés par les inégalités de genre qui structurent notre société.
Le premier obstacle rencontré arrive au moment de la séparation. Les fragilités de ces familles s’accentuent au niveau de l’emploi et du logement en particulier pour des raisons financières. Les services d’allocations sociales et de garde d’enfants se révèlent dans ces cas fondamentaux pour faire face à ces situations compliquées.
Les familles monoparentales se retrouvent d’autant plus précarisées quand la situation sociale de départ est déjà peu favorable sur le plan économique. Pour surmonter les difficultés rencontrées, les mères seules auront tendance à mobiliser des ressources telles que leur famille ou le réseau des proches lorsque cela est possible. Avec la monoparentalité, les inégalités de genre et les inégalités sociales s’accentuent mutuellement.
L'épreuve de la séparation
La manière dont la séparation se déroule a des conséquences importantes sur les futures conditions de la monoparentalité.
Les séparations conflictuelles sont plus difficiles à gérer d’un point de vue émotionnel mais également matériel, puisqu’elles limitent la possibilité de ressources supplémentaires nécessaires à la garde de l’enfant (pension alimentaire, garde partagée, frais divers). Une femme sur cinq traverse l’étapede la séparation en conservant une margede négociation avec l’ex-conjoint. Les séparations conflictuelles laissent des traces sur le long terme, autant pour la femme que pour les enfants. Le désinvestissement des hommes peut, par exemple, se remarquer par un non-paiement ou un paiement partiel des pensions alimentaires et un éloignement de la sphère parentale. Ces femmes sont confrontées dès le début de la monoparentalité à des difficultés qui limitent nettement leur marge d’action.
Il existeun risque accrude pauvreté pour les familles monoparentales.
Le risque de pauvreté est plus important pour les femmes en situation de monoparentalité que pour les hommes. La séparation diminue les revenus entrants et les femmes sont plus désavantagées en raisonde l’écart salarial entre les hommes et les femmes déjà existant sur le marché du travail. Elles se trouvent pourtant à assumer encore la majorité des frais liés aux enfants. Le risque de pauvreté est également lié à une plus grande difficulté pour les femmes de se rendre disponible sur le marché de l’emploi faute d’une solution de garde. Si elles n’ont pas de travail, en trouver un devient beaucoup plus difficile, etc.
Homoparentalité
Cette configuration de la famille est encore trop peu prise en compte dans l’organisation de notre société qui reste encore figée sur une vision du couple hétérosexuel avec un ou des enfants et disposant de deux salaires. L’école se trouve donc confrontée à une réalité qui était auparavant peu visibilisée, mais qui définit de plus en plus des structures familiales. Le silence qui entoure les familles monoparentales et l’absence de représentations de ces familles dans les institutions publiques peut être néfaste pour les enfants. Lorsqu’un sujet n’est pas abordé en classe celui-ci devient un secret et renforce les préjugés autour de lui.
En interrogeant, par exemple, certaines pratiques longtemps perçues comme « traditionnelles » à l’école, comme le fait de célébrer la fête des pères ou celle des mères. À la place pourquoi ne pas célébrer une fête des parents ?
- Site Parent Solo
- Publications sur la monoparentalite sur le site de Recherche et Inovation Enfants, Parents et Professionnel·le·s
- Plan bruxellois de soutien aux familles monoparentales, 2021 (pdf)
- Genre et emploi du temps (pdf)
- Femmes monoparentales en Belgique, Conditions d'existence, précarisation et santé, Marie-Thérèse Casman, 2006
- Discriminations et familles monoparentales : étude juridique et législative sur les risques potentiels de discriminations des législation relatives aux familles monoparentales, de Valérie Flohimont, Alexandra Tasiaux, Marie Fauconval T, Université de Namur, 2017 (pdf)
- Mères monoparentales, entre précarité sociale et financière dans Axelle Magazine, 2019, p.12
- La socialisation de genre et l'émergence des inégalités à l'école maternelle : le rôle de l'identitée sexuée dans l'expérience scolaire des filles et des garçons, de Yoan Mieyaa, Véronique Rouyer et Alexis Le Blanc dans Inégalités sociales et orientation, 2012 sur le site de Open Edition Journals