Sexisme, discriminations et harcèlement

Vous trouverez dans cet espace des informations utiles pour « Comprendre » une thématique donnée à la lumière des principes d'égalité entre les femmes/filles et les hommes/garçons.

La partie « Agir » vous propose, quant à elle, diverses pistes à mettre en pratique.

Pour aller plus loin et découvrir des ressources sur la thématique, il vous suffit de consulter le « Catalogue », de la sélectionner ainsi que le type de support que vous souhaitez utiliser. Ces ressources sont mises à disposition pour enrichir vos connaissances et celles de vos élèves sur le sujet.

 

Comprendre la thématique

 

Les rapports de genre sont régis par un partage de pouvoir inégal entre les hommes et les femmes. Ce partage se fait au détriment des filles qui sont les principales victimes de violences de différentes nature.

Ces violences sont le résultat de rapports de forces historiques communément désignés par la notion « domination masculine »

Un très gran nombre d'individus sont exposés à ces violences entravant leur bien-être et leur santé physique et mentale (problèmes psychologiques, comportementaux, état de stress post-traumatique, dépression, comportements addictifs. Les répercussions économiques et sociales de ces violences sont également très importantes (coût pour la sécurité sociale en matière de santé, coût en matière d'ordre public, déficit financier lié aux postes vacants suite aux blessures ou traumatisme, etc.).

 

Qu'est-ce que le sexisme ?

L'Institut pour l'Égalité entre les Femmes et les Hommes (IEFH) défini, le sexisme comme l’ensemble des préjugés, des croyances et des stéréotypes concernant les femmes et les hommes et la relation entre les genres. Le sexisme est fondé sur la conviction qu’il existe une différence entre les hommes et les femmes et que cette différence implique que les hommes sont supérieurs aux femmes, autrement dit il existerait une hierarchie. Un certain nombre de stéréotypes, de préjugés et de croyances en découlent. Ils entretiennent des idées reçues en matière de genre et maintiennent les femmes et les personnes LGBTQIA+ dans une position d’infériorisation et de domination. Les discriminations et les violences sexistes en sont également une expression.

Le sexisme est donc un système de domination et d'oppression qui tend à légitimer et à perpétuer la domination des hommes sur les femmes. La notion recouvre toutes les expressions et les comportements qui méprisent, dévalorisent et discriminent les femmes. Elle appelle à une grille d’analyse intersectionnelle, c’est-à-dire qui permette de croiser différents rapports de domination (orientation sexuelle, identité de genre, racialisation, classe sociale, handicap, etc.).

 

Quelle forme peuvent prendre les violences sexistes ?

Les comportements imprégnés de sexisme ordinaire sont ancrés dans notre société et font partie de notre quotidien, si bien qu'il peut être perçu comme de la galanterie ou de l'humour. Cela les rend difficilement détectables et renforce nos stéréotypes et préjugés.

A ce sexisme dit ordinaire, s’ajoute d’autres formes de sexisme :

  • Le sexisme bienveillant : consiste à considérer les femmes comme étant plus fragiles et plus sensibles que les hommes (aptitudes auxquelles elles sont idirectement assignées, nous y reviendrons) et à vouloir les protéger par des comportements chevaleresques ou paternalistes. L’intention peut sembler être, de prime abord, celle de protéger et valoriser les femmes. Elle contribue pourtant à renforcer des normes de genre dans la société ;
  • Le sexisme hostile : consiste à adopter des comportements et attitudes hostiles vis-à-vis des femmes et des personnes LGTQIA+. Cette hostilité s’exprime via du  harcèlement, de la discrimination mais également des violences physiques, verbales, etc.

Sources :

 

Sexisme au travail

Le lieu de travail est un lieu de sociabilité et est donc sujet à une (re)production de rapport de domination. Parfois ces rapports de domination sont exacerbés par  d'autres dacteurs : relations contractuelles, enjeux de carrière, évolution salariale ou plus simplement de conservation de son emploi. De plus, le statut des femmes au travail a un impact sur leur expérience du sexisme. Il est important de préciser que le harcèlement au travail est définis par la loi du 28 février 2014 comme « risque psychosocial ».

La forme que prend le sexisme au travail varie en fonction de l'âge. Une étude menée par l'ASBL JUMP a montré que les comportements sexistes varient en fonction du niveau hiérarchique occupé par les femmes. Les répondantes affirment que leur genre a joué en leur défaveur quant à leur participation aux prises de décisions.Le sexisme a un impact évident sur l’avancée des carrières des femmes.

Les blagues et les remarques sexistes sont les manifestations les plus courantes du sexisme au travail. La banalisation de certaines remarques et certains discours rend leur sanction plus difficile. 

L’usage d’interpellation familières telles que « ma belle » ou « ma petite » est souvent perçu comme gentil ou bienveillant par certain·es. Pourtant ce vocabulaire contribue à une infantilisation et à une dévalorisation des femmes. De plus, cette familiarité est très souvent unilatérale puisqu’elle est rarement appliquée aux hommes. 

Le mansplaining est une autre forme de sexisme. Il peut s’agir de l’interruption d’une conversation, de la mise en doute des compétences, ainsi que d’un manque d’intérêt flagrant aux discours et aux opinions des femmes quant bien même ces dernières possèdent une expertise sur la matière sur laquelle elles s'expriment.

Stigmatiser les femmes qui ne se conforment pas ou peu aux stéréotypes de genre. Ce type de sexisme peut prendre différentes formes : qualifier les femmes qui haussent le ton d’hystériques ou de personnes contrôlées par leurs hormones, sous-entendre qu’elles n’ont pas obtenu un poste grâce à leurs compétences mais en échange de faveurs sexuelles, tenir des propos sur l'apparence ou la tenue d'une femme, etc. Ce type de discours réduit les femmes au statut d'objet et contribue à sexualiser de manière arbitraire et unilatérale les rapports professionnels. Très souvent il s’agit de compliments non désirés générant une atmosphère oppressante et qui peuvent, s'ils se répètent devenir du harcèlement sexuel.

Avoir des commentaires sur la maternité et les charges familiales : les comportements et remarques sexistes au travail ne concernent pas uniquement des sujets professionnels mais touchent également des aspects personnels dont la gestion de la famille. 

La division sexuelle du travail est aussi une forme de sexisme : il est récurrent d’assigner les aux femmes à des tâches perçues comme moins importantes et socialement genrées, donc souvent dévalorisées si elles sont associées au féminin.

Qu'est ce que la discrimination ?

Pour qu’il y ait une discrimination au sens de la loi du 10 mai 2007, trois conditions doivent être réunies : 

  • Une personne est traitée de manière moins favorable qu'une autre personne l'est, l'a été ou le serait dans une situation comparable ;
  • Il n’est pas possible d’apporter une justification raisonnable à cette différence de traitement ;
  • La différence de traitement est basée sur certaines caractéristiques, définies par la loi et appelées « critères protégés ». 

Quels sont les critères protégés ? 

  • Nationalité ou prétendue race, couleur de peau, ascendance ou origine ethnique ou nationale ;
  • Âge ;
  • Sexe et critère assimilés (grossesse, accouchement et maternité, changement de sexe, identité et expression de genre) ;
  • État civil, naissance ;
  • Orientation sexuelle ;
  • Conviction religieuse, philosophique ou politique ; 
  • Langue ;
  • Handicap, état de santé, caractéristiques physiques ;
  • Fortune, origines sociales.

Si ces conditions sont réunies, on est face à une discrimination condamnée par la loi. 

Consulter la loi du 10 mai 2007 tendant à lutter contre certaines formes de discrimination.

 

La discrimination peut prendre différentes formes : 

  • La discrimination directe : lorsque dans une situation similaire, une distinction directe est faite entre des personnes en raison de leur sexe, d’une grossesse ou de leur genre ;
  • La discrimination indirecte : lorsqu’une disposition, une mesure ou une pratique apparemment neutre nuisent particulièrement à des personnes caractérisées par un critère protégé, par rapport à d’autres personnes ne possédant pas ce critère ;
  • La discrimination systémique : discrimination produite par le système est le résultat de l’interaction entre diverses pratiques sociales qui sont discriminatoires. 

 

Domaines dans lesquels une discrimination peut se produire  : 

  • Le travail : discrimination à l’embauche basée sur le genre, l’origine ethnique, l’orientation sexuelles, la situation de handicap, etc. 
  • L'éducation : enseignement inégalitaire selonl’origine sociale ou ethnique, difficultés à obtenir des aménagements raisonnables à l’école pou un·e élève en situation de handicap, discriminations liées aux convictions religieuses, etc.
  • L'accès au logement : refus de vente ou location d’un bien en raison des origines, loyers et garanties trop élevés et auxquels seulement une partie de la population peut accéder (pour rappel, le droit au logement est reconnu par le droit international et l’accès au droit au logement sans discrimination est protégé par la loi).
  • L'aménagement de l’espace et des établissements publics : non accès à des discothèques ou à des bars pour des motifs non-justifiés qui déguisent le critère ethnique, les trottoirs ne non accessibles à des personnes en chaise roulante, harcèlement sexiste dans l'espace public.

 

Sources :

 

Discrimination positive

Il s’agit d’un ensemble de mesures qui vise à favoriser certaines personnes appartenant à des catégories dont les membres sont susceptibles de subir des discriminations. Elle se caractérise par une volonté de créer une inégalité pour promouvoir l’égalité en accordant à certain.es un traitement préférentiel, en espérant rétablir une égalité des chances.

Pour certain·e·s, la discrimination positive serait exercée au détriment d'autres catégories et s'opposerait au principe d'égalité de droit. Pour d'autres, elle permettrait la promotion sociale, économique et politique de groupes discriminés.

 

Discrimination sexistes

Les discriminations sexistes ont un réel impact sur la santé physique et mentale des personnes qui les subissent. Il s’agit d’une attitude flagrante, négative et intentionnelle envers les femmes, basée sur les stéréotypes de genre dont le but est de les reléguer à des rôles traditionnels supposés innés.

Le sexisme ordinaire est devenu inacceptable suite aux textes légaux qui interdisent les discriminations sur le lieu de travail mais il reste présent.

 

Discriminations multiples

Il s’agit d’une combinaison de discriminations fondées sur le sexe, l’origine ethnique, la religion, le handicap, l’âge ou l’orientation sexuelle. La discrimination composée est une situation dans laquelle un motif de discrimination est aggravé par un ou plusieurs autres motifs. Ou encore, plusieurs motifs agissent et interagissent les uns avec les autres. Les effets qui sont produits par ces discriminations multiples ne sont pas actuellement pris en compte par le droit. Le cumul de discriminations provoque des effets aggravés d’exclusion.

Ceci peut paraître anecdotique mais il est important de le répéter : les personnes LGBTQIA+ racisées sont davantage victimes de discriminations, il en est de même pour lque des personnes LGBTQIA+ handicapées, ou ldes personnes racisées handicapées, et tant d’autres. Lorsqu’on exprime plusieurs identités opprimées on est confronté à davantage discriminations.

Harcèlement

Les moqueries répétées à l’égard d’une personne parce qu'elle est une fille, ou parce que il ou elle est homosexuel/lesbienne, ou par ce qu'il ou elle est e noir·e, ou transgenre peuvent être qualifiées de harcèlement et sont punies par la loi.

Tenir des propos sexistes en classe à l’égard des filles, dans certaines conditions, peut être considérée comme du harcèlement sexiste.

De même que de la moquerie raciste répétée à l’encontre d’une personne est une forme de harcèlement raciste puni par la loi. 

 

Le harcèlement sexuel

Faire des avances insistantes auprès d’une personne alors qu’elle ne le souhaite pas peut être considéré comme du harcèlement sexuel. 

Lorsqu’on impose à une personne des propos ou un comportement sexuel et sexiste, de manière répétée, c’est du harcèlement sexuel. 

Voici quelques exemples de cas de harcèlement sexuel :

  • Remarques à connotation sexuelle ;
  • Avances répétitives ;
  • Commentaires grossiers ;
  • Regards insistants ;
  • Invitations pressantes. 

Une situation d’harcèlement sexuel comprend un·e auteur·ice et une victime. Il concerne autant les filles que les garçons. Cependant, dans la majorité des cas, la victime est une fille et l’agresseur est un garçon. 

 

Le harcèlement se différencie des autres faits de violence par les trois caractéristiques suivantes :

  • L’intention de nuire : l’agresseur a l’intention délibérée de nuire même si la plupart du temps il prétextera qu’il s’agit simplement d’un jeu ;
  • La répétition : il s’agit d’une agression qui se produit à plusieurs reprises ; 
  • La disproportion des forces : il a lieu dans le cadre d’une relation dominant/dominé, la victime rencontrant des difficultés à se défendre. 

La plupart des actes du harcèlement se commettent en présence de trois parties :

  • Un ou des « harceleurs » ;
  • Une ou des victimes ;
  • Les témoins.

Les spectateurs et spectatrices encouragent l’harceleur par leurs rires, leur participation ou leur immobilisme (en n'essayant pas de mettre fin à la situation de harcèlement).

 

Les auteurs

« Pour dépasser un sentiment de fragilité ou dissimuler une vulnérabilité, les auteurs s’affirment par l’agressivité, la force corporelle et/ou verbale ». 

La crainte qu’ils inspirent à leur victime permet de les rassurer sur leur propre faiblesse. Plus la situation dure, moins les auteurs sont capables de pouvoir ressentir une quelconque empathie pour leur victime. De plus, le silence des témoins tend à légitimer cette situation ce qui accable encore plus la victime. 

 

Les victimes 

Elles sont souvent incapables de pouvoir se défendre dans une situation de harcèlement face à des auteurs plus puissants en force et parfois en nombre. Elles se retrouvent figées par un certain nombre de peurs et de craintes : 

  • Peur des représailles ;
  • Honte de parler de ce qu’il ou elle vit ;
  • Crainte de ne pas être cru·es par les adultes dans les cas qui concernent les mineur·es ;
  • Volonté de se débrouiller seul·e.

La victime se sent vulnérable et isolée. Le fait que les actes des auteurs soient tolérés (par exemple, non intervention de la part du corps enseignant face à une situation de harcèlement) voire même encouragés par les témoins, va créer chez elle un sentiment de honte, de culpabilité et de perte d’estime de soi.
 

Les témoins 

Comme nous l’avons abordé plus haut, le rôle des témoins est central. Le harcèlement tend à perdurer lorsqu’il est cautionné par le silence, consciemment ou non. 
Il est important de prendre conscience du fait que les témoins peuvent mettre fin au harcèlement en agissant.  

 

Le harcèlement dans l'espace public

La grande majorité des femmes sont confrontées régulièrement, voire quotidiennement, au harcèlement dans l’espace public. Le harcèlement dans l’espace public désigne « tout geste ou comportement qui a pour objectif de manifester un mépris à l’égard d’une personne, en raison de son apparence sexuelle, ou de la considérer comme inférieure ou réduite à sa dimension sexuelle et qui entraine une atteinte grave à sa dignité ». 

Plan International Belgique a réalisé une étude en Belgique en 2021 dans le cadre de son projet Safer Cities : 98% des signalement pour harcèlement sexuel viennent des filles, 31% de cas d’harcèlement se produisent dans la rue et 15% dans les transports en commun. Selon 25% des filles cela peut arriver à tout moment de la journée. Ce rapport révèle également que 80% des victimes n’ont bénéficié d’aucune aide de la part de témoins. 

Le harcèlement sexuel peut prendre différentes formes selon le Plan International Belgique. Les types de harcèlement plus fréquents subis par les filles interrogées sont : les sifflements et les commentaires sexistes, les regards insistants, les remarques sur l’apparences, les tentatives d’approches trop flirteuses et les attouchements non souhaités. 

Le harcèlement sexuel a un impact important sur la liberté de mouvement. Toute personne susceptible de subir du harcèlement va mettre en place des stratégies d’évitement : éviter de fréquenter certains endroits ou rues à des certaines heures ou éviter d’être seul·e, revoir son habillement avant de sortir à certains endroits ou à certaines heures, prévenir son entourage de l’endroit où on se rend et avec qui, etc.

 

Le harcèlement au travail

Depuis la loi du 4 août 1996, tout employeur est tenu de promouvoir le bien-être des employé·es. Cette loi réglemente la prévention et la protection de la santé de tous les travailleurs et toutes les travailleuses. Elle a été complétée en 2014 par de nouvelles dispositions relatives aux risques psychosociaux au travail.

Quand on parle de harcèlement au travail, on désigne une série de comportements qui ont pour objectif ou comme effet de : 

  • Porter atteinte à la personnalité, à la dignité ou à l’intégrité physique ou psychique d’une personne ;
  • Mettre en péril l’emploi de cette personne ;
  • Créer un environnement intimidant, hostile, dégradant, humiliant ; 
  • Isoler la personne de ses collègues.

La loi reconnaît le harcèlement comme des comportements abusifs et qui se produisent pendant un certain temps. Ces comportements peuvent se manifester par des paroles, des attitudes, des gestes ou des écrits.

Il existe une différence entre un conflit et du harcèlement. Dans une situation de conflit, il y a une forme d’égalité entre les deux parties. Les conflits ne sont pas systématiques, dans la mesure où ils ne prennent pas toujours place dans des rapports de pouvoir systémiques contrairement au harcèlement, et ne ciblent pas toujours une seule personne. 

Le harcèlement sexuel au travail désigne tout comportement non désiré à connotation sexuelle. Il peut s’agir:

  • De regards insistants ;
  • De remarques détournées ;
  • De propositions déplacées ;
  • Des comportements exhibitionnistes ;
  • D’attouchements ;
  • D’agressions physiques ; 
  • D’avances répétitives ; 
  • Des commentaires grossiers ;
  • De harcèlement téléphonique, etc. 

Toute personne peut subir du harcèlement sexuel au travail, cependant certaines personnes sont mieux armées pour affronter ce genre de situations, grâce à une certaine confiance en elles ou parce qu’elles disposent d’un entourage présent et d’un contexte personnel sécurisant.

L’aspect genré du harcèlement s’explique en partie  par les inégalités entre les femmes et les hommes dans le contexte professionnel ( niveaux hiérarchiques, avantages et avancement des carrières,  différences salariales à poste égal, etc.

Source : Le harcèlement sexuel au travail, Analyse Femmes Prévoyantes Socialistes, 2016 (pdf)

 

Le harcèlement dans les lieux festifs

Les situations de harcèlement et d’agressions sexuelles sont particulièrement présentes dans les milieux festifs comme les festivals, les bars ou encore les soirées étudiantes. Il s’agit de lieux associés à la prise d’alcool ou de drogue, à la promiscuité physique, au divertissement, à la rencontre amicale ou autre, à l’obscurité, etc. 

En mars 2021, une page Instagram a été créée par des étudiantes de l'ULB appelée « Balance ton folklore » sur laquelle sont partagés des récits d’agressions sexuelles survenues pendant des soirées étudiantes, des récits d’abus au sein de cercles d’étudiants ou des récits de harcèlement sur les campus universitaires. Le mouvement prend de l’ampleur et s’élargit à d’autres Universités et Haute École.

En octobre 2021, le mouvement « Balance ton bar » est créé à la suite de récits d’agressions sexuelles de femmes qui ont eu lieu dans les bars proches des campus universitaires.

La grande majorité des agressions sexuelles dénoncées se sont produites à l’insu de la victime, après l'absorption d’une substance psychoactive dans sa boisson. L’ampleur de ce phénomène est restée méconnue et donc largement sous-estimée avant l’explosion du nombre de signalements sur la page Instagram.

Pourtant le GHB appellé communément habituellement appellée la « drogue du viol » a été une drogue utilisée dans les milieux festifs dans les années 90. Elle a un effet sédatif et amnésiant. Ses effets apparaissent habituellement dans la demie-heure qui suit son absorption. Si la victime est à jeun ou si la quantité absorbée est importante, les effets peuvent apparaître dans les 5 à 10 minutes. Ils peuvent durer de 1 à 4 heures si les doses injectées sont faibles et jusqu’à 24 heures en cas d’intoxication grave. Il est fréquent que les victimes se réveillent dans un état de confusion et d'amnésie.

 

Harcèlement sexiste et sexuel dans les Universités et Haute Écoles

Depuis la vague #MeToo plusieurs femmes ont témoigné de violences sexistes et de harcèlement sexuel venant de professeurs dans différentes Universités (KULeuven, UGent et la VUB du coté néerlandophone et à l’UCL du côté francophone) : gestes déplacés, remarques inappropriées, intimidations, propos sexistes, utilisation d’une position de pouvoir pour obtenir un rapport sexuel, etc. Encore trop d’étudiant·es se disent victimes de harcèlement (psychologique, physique ou sexuel) dans l’enseignement supérieur.

Traiter la question du harcèlement que ce soit en milieu universitaire ou ailleurs implique, d'une part,  de discerner les rapports de force et les textes légaux mobilisables. D’autre part, il est important de revenir sur le continuum de violences de genre pour saisir les différentes formes que ces violences peuvent prendre : des blagues sexistes, des propos intrusifs, du harcèlement sexuel, des pressions psychologiques, des formes de chantage, des agressions sexuelles. Toutes ces formes de violences prennent une forme spécifique selon le contexte où elles se produisent (famille, travail, étude, etc.). Cette grille de lecture permet de comprendre comment cette violence devient un instrument de contrôle et de domination.  

Source :  Enseignement supérieur : un étudiant sur six se dit victime de harcèlement, article de Charlotte Hutin dans Le Soir, 29/09/2022

 

Harcèlement professeur/étudiant·e

Depuis plusieurs années, les luttes féministes se mobilisent pour mettre en lumière ces violences dans le but d’obtenir des avancées juridiques pour protéger les victimes et inculper les auteurs. Or dans le cadre universitaire, les agressions sexistes et sexuelles sont non seulement occultées, mais en plus les procédures de prévention et de prise en charge ne sont souvent appliquées. La preuve en est l’impunité des auteurs des faits et l’absence de protection des victimes. 

Dans le milieu académique se côtoient des personnes aux statuts hétérogènes (professeur·e, doctorant·es, étudiant·es, salarié·es, etc.) et hiérarchisés entre eux (différences de prestige, de renommée et de grades). Très souvent le professeur est protégé par son pouvoir puisqu’il dispose d’une grande autonomie dans son travail et dans l’organisation de son travail vis-à-vis des étudiant·es. Les étudiant·es se trouvent rapidement dans une relation de dépendance intellectuelle, sociale, voir salariale dans le cas d’une thèse de doctorat. En effet l’étudiant·e a besoin de l’accord de son directeur ou de sa directrice de thèse pour des nombreuses démarches administratives (demandes de financement, autorisation de publications, préparation de cours, etc.) l'exposant à plus de risque d’abus de pouvoir qui peut se traduire en harcèlement sexuel. Le lien entre le professeur et l'étudiant·e place le premier en position de dominant. 


Source :

 

Entre pairs : #Balancetonfolklore

Depuis 2021, les hashtags #BalanceTonFolklore et #FolkloreComplice ont fait émerger de nombreux témoignages de VSS entre élèves au sein des Universités et Hautes Écoles en Belgique. De nombreuses étudiantes (la majorité des plaignant·es sont des femmes) ont spécifiquement dénoncé des abus dans les cercles étudiants, du harcèlement sur le campus, jusqu’à des cas de viol.

Toute violence subie entraîne des répercussions considérables sur différentes sphères de la vie, telles que la réussite scolaire ou professionnelle, la vie sociale, la santé mentale et physique. Pour 1 personne sur 10 cela se traduit par un état de stress post-traumatique. Il a entre autre pour conséquence le fait que la personne ayant subi une violence, ou est essayer d’éviterà tout prix des situations pouvant reproduire cette violence ou est constamment sur ses gardes. Toute personne ayant subi ce genre de violences dans le milieu universitaire rencontre des difficultés dans son parcours d’étude.

Source : Violences sexuelles en milieu universitaire, Résultats de l'enquête ESSIMU pour l'Université du Québec à Montreal 2017 (pdf)

 

Comment l'Université prend en charge les cas de harcèlement sexuel

De nombreuses Universités en Belgique ont créé des dispositifs de lutte contre les violences au sein de leur établissement. Un grand nombre d'entre elles se plaignent de la non-dénonciation de ces violences par les étudiant·es, sans nécessairement s'interroger sur les raisons de ce silence et du non recours aux cellules d'aide. Les établissements  déclarent donc souvent ne pas être en mesure de pouvoir fournir des données chiffrées sur la réalité des VSS (violences sexistes et sexuelles) en milieu universitaire. 

Comment expliquer ce silence ? L’enquête ESSIMU (Enquête Sexualité, Sécurité et Interactions en Milieu Universitaire) menée en 2017 a permis d’établir un portrait des violences sexistes et sexuelles se déroulant en contexte universitaire au Québec. Rappelons qu'uniquement 10% des étudiant·es dénoncent les faits aux instances universitaires. Le questionnaire a permis d’évaluer la manière dont les étudiant·es perçoivent les dispositifs de lutte contre les VSS mis en place par les institutions universitaires : uniquement 10% des étudiant.es dénoncent les faits aux instances universitaires.

Les raisons qui ressortent le plus souvent sont les suivantes :

  • La victime estime souvent que l’agression subie n’était pas assez grave pour être dénoncée. La banalisation générale des VSS est la conséquence première de la culture du viol qui est diffusée par un système patriarcal ;
  • La victime souhaite mettre l’agression « derrière elle » pour que celle-ci n’ait pas d’impact sur son parcours universitaire ; 
  • La victime ùmanque de confiance vis-à-vis des Universités puisque la plupart du temps les auteurs ne sont pas sanctionnés ;
  • La victime craint des répercussions puisque ces instances sont rarement indépendantes de l’Université.

Récemment, les forces se sont fédérées autour d'une initiative étudiante pour pouvoir mettre en place un outil de lutte efficace. À l’ULB, les étudiant·es ont mis sur pied le projet ADELVS (Assemblées des étudiant·es en lutte contre les violences sexistes et sexuelles) à la suite d'un énième cas de viol d’une étudiante.

Source : Etudiante violée sur le campus de l'ULB : une centaine d'étudiants manifestent pour plus de sécurité dans Le Soir, 10/01/2023

 

Le projet ADELVS s’est penché sur les mesures déjà existantes et s’est fixé différents objectifs. L'un d'eux est l’amélioration de la communication entre les institutions universitaires et les étudiant·es par l'intermédiaire de la structure indépendante Cash-e. Cette dernière accueille la parole des victimes et peut les accompagner dans une démarche de dépôt de plainte si elles en ressentent le besoin. ce projet a décidé de participer au projet de sensibilisation élaboré par l’ULB et de développer ses propres campagnes de sensibilisation et de vulgarisation fondamentale dans la lutte contre les Violences Sexistes et Sexuelles (VSS). Ne matière de violences sexuelles et sexistes, lorsque l'on se retrouve à devoir traiter une plainte, il est déjà trop tard. Autrement dit, la prévention du harcèlement sexuel est centrale.

 

Sources :