Sexisme, discrimination et harcèlement
Vous trouverez dans cet espace des informations utiles pour « Comprendre » une thématique donnée à la lumière des principes d'égalité entre les femmes/filles et les hommes/garçons.
Pour aller plus loin et découvrir des ressources sur la thématique, il vous suffit de consulter le « Catalogue », de la sélectionner ainsi que le type de support que vous souhaitez utiliser. Ces ressources sont mises à disposition pour enrichir vos connaissances et celles de vos élèves sur le sujet.
Comprendre la thématique
Le mouvement #MeToo qui a secoué l’actualité en 2017 a joué un rôle crucial dans le traitement des violences faites aux femmes. Il a permis de donner la parole aux victimes mais également de mettre en place un espace pour accueillir cette parole. Ce mouvement a également contribué à mettre en évidence les différentes formes de violences que subissent les femmes dans divers contextes, y compris au niveau de l'environnement scolaire.
Sexisme
Quels sont les causes des violences en milieu scolaire ?
Tous les enfants peuvent subir différentes formes de violence à l’école, ainsi qu’ils et elles peuvent en être l’auteur·e. Ce sont surtout les enfants considéré·es comme « différent·es » qui sont le plus exposé·es. Ces violences peuvent se baser sur des critères multiples : l’apparence physique, l’orientation sexuelles, les différences culturelles, linguistiques et/ou sociales, le handicap, le fait d’être une fille ou de ne pas se conformer aux normes et stéréotypes de genre.
Quels sont les liens entre les violences en milieu scolaire et les violences liées au genre (orientation sexuelle, identité ou expression de genre) ?
Les facteurs qui se trouvent à l’origine des violences scolaire sont multiples, et le genre est l’un des principaux, même si toutes les violences en milieu scolaire ne sont pas liées au genre. Les violences de genre en milieu scolaire désignent toutes les formes de violence qui trouvent leur origine dans les normes et stéréotypes de genre ou qui en découlent.
Les violences sexistes découlent d’un rapport des forces inégal entre les sexes, elles peuvent être liées à l’orientation sexuelle d’un individu, à l’identité ou l’expression de genre réelle ou perçue d'une personne victime.
Ces violences représentent une part importante des violences scolaires, et sa prise en charge nécessite des efforts spécifiques. En effet, il existe des différences entre garçons et filles en termes de type de violences subies. Les garçons sont beaucoup plus exposés aux violences physiques alors que les filles subissent plus d’intimidations psychologiques, elles sont notamment plus touchées par le cyberharcèlement.
Les élèves perçu·es comme non conformes aux normes liées à la masculinité et à la féminité sont davantage exposé·es à la violence et au harcèlement à l’école. Dinah 14 ans en a subi les conséquences, elle n’a pas pu supporter d’être traitée de « sale arabe » et « sale lesbienne » et a décidé de mettre fin à ses jours. Anna-Chloé avait seulement 11 ans, elle a été agressée par ses camarades dans la cour de récréation de son collège le 15 décembre 2021. Elle était victime de racisme, d’harcèlement et de violences scolaires.
- Qui a tué Dinah Gonthier, qui est responsable et pourquoi est-elle morte ?, billet de françois Morel dans France Inter, 5/11/2021
- DUONG Jade, Marche blanche en France pour Dinah, qui s'est suicidée à 14 ans : sa famille dénonce le harcèlement scolaire, article de jade DuongRTBF, 25/10/2021
Comment l’école peut reproduire les hiérarchies et les différences entre les filles et les garçons ?
Les inégalités entre les hommes et les femmes ont pénétré toutes les sphères de la société, et l’école n’en a pas été exemptée. Dès l’école primaire l’enfant adopte des comportements conforme à son sexe d’appartenance et développe des représentations du masculin et du féminin. De plus, un sondage réalisé par Amnesty International en 2019 souligne que les jeunes de 15 à 24 ans sont les plus touché·es par les violences sexistes et sexuelles.
La construction du masculin se réalise sur base de la dévalorisation du féminin. Le fait d’être une fille devient un défaut : quand on complimente une fille de ne pas être comme toutes les autres, qu'est ce que nous sous-entendons ? De même quand on dit à un garçon qu'il pleure comme une fille ? Que ce n'est pas bien de pleurer, que ça le rend faible.
Violences sexistes
Selon l'Institut pour l'égalité des Femmes et des Hommes (IEFH), le sexisme est défini comme l’ensemble des préjugés, des croyances et des stéréotypes concernant les hommes et les femmes et la relation entre les sexes. On se fonde sur une relation hiérarchique entre homme et femme, où l’un est placé au-dessus de l’autre.
Souvent, le sexisme est défini comme un problème uniquement féminin. Bien que de nombreuses femmes soient, dans la rue, au travail ou dans leur vie privée, victimes de sexisme, les hommes peuvent eux aussi en subir les conséquences fâcheuses.
Le sexisme englobe tous les actes qui découlent de la conviction qu'il y a une différence entre les femmes et les hommes, les premières subissant les conséquences négatives de cette distinction. La discrimination basée sur le sexe est l’un des comportements susceptibles d’être engendrés par une attitude sexiste ou stéréotypée à l’égard des femmes ou des hommes, mais le harcèlement sexuel en fait également partie.
À cet égard, le sexisme est donc un terrain fertile pour la discrimination et le harcèlement, et il mène à des déséquilibres de pouvoir structurels. Une perception inégale de la relation entre les femmes et les hommespeut mener à des doubles standards, à une plus grande objectivation fondée sur le sexe, et se traduire par des actes contraires au principe d’égalité entre les femmes et les hommes.
Le sexisme est à la base des inégalités qui persistent entre les hommes et les femmes. Les insultes et réflexions sexistes ont un impact négatif sur la confiance en soi.
Le sexisme est la raison pour laquelle on justifie les inégalités de salaire, les violences , l’objectivation et la sexualisation du corps des femmes dès le très jeune jeune âge, le manque de représentation dans les postes de pouvoir, dans les médias et dans l’espace publique.
Les recherches en science de l’éducation soulignent l’existence de biais sexistes dans la transmission des savoirs, et plus globalement dans les établissements scolaires. L’école n’est donc pas imperméable à ce qu'il se passe dans la société et elle peut devenir un lieu de production et reproduction de stéréotypes sexistes. Les filles et les garçons vivent leur scolarité complètement différemment. Par exemple, les enseignant·es interagissent plus avec les garçons qu'avec les filles.
Les différentes formes de violences scolaires vécues par les filles et les garçons peuvent être comprise comme des manifestations de normes virilistes. Ces violences s’exercent comme un rappel à l’ordre viril et sont le fruit d’une hiérarchisation entre les sexes et la sexualité.
A l’adolescence, l’identité masculine se construit grâce aux interactions avec les pairs. La socialisation entre garçons se fait en se distinguant des garçons virils et non virils et par rapport aux filles. On qualifie ce processus de « construction virilite ». Tandis que les filles sont dites peureuses, faibles et pleurnicheuses, les garçons doivent être forts et courageux. La violence qu’ils exercent est parfois encouragée parce qu'elle s'inscrit dans la construction de leur identité masculine et pour qu’il y ait des vrais hommes, il faut des « sous-hommes ». La domination s’exerce sur les femmes ou sur les hommes considérés comme n'étant pas de « vrais hommes ».
Quelle forme peuvent prendre les violences sexistes ?
Les comportements imprégnés du sexisme ordinaire sont tellement ancrés dans notre société, qu’ils font partie de notre quotidien. Certains de ces gestes sont parfois même perçus comme faisant partie de la galanterie ou du simple humour les rendant encore plus imperceptibles. Le sexisme sous ses différentes formes contribue à la construction de préjugé et stéréotypes de genre.
En raison, des avancées sociétales, et surtout si l’on est une femmes blanche aisée, on envisage le sexisme comme une réalité maintenant dépassée. Or, celui-ci prend des formes plus implicites qu’avant. De plus, étant donné que les fondements de nos sociétés sont inégalitaires, les comportements de chacun sont imprégnés de préjugés sexistes qui passent souvent inaperçus. De fait, certains discours, actions ou gestes nous renvoient à une mauvaise image de notre propre genre et nous conditionnent dans des rôles déterminés.
La première forme que peut prendre le sexisme est l’hostilité il regroupe des remarques, des attitudes et des comportements négatifs vis-à-vis des femmes. Cette hostilité s’exprime via le harcèlement, la discrimination mais encore les violences verbales, physiques ainsi que d'autres formes de violences.
Il existe également ce qu’on appelle le sexisme bienveillant, il consiste à évaluer négativement les femmes selon des aptitudes qui leur sont indirectement assignées en fonction de leur genre, en adoptant une attitude paternaliste. Les femmes sont souvent considérées comme étant plus fragiles et sensibles que les hommes, et nécessitent donc d’être protégées. L’intention première est la protection et la valorisation de l’individu, cependant cette attitude contribue à renforcer les normes de genre imposées aux femmes par la société.
- Le sexisme vous avez dit ? Analyse de Clara Van der Steen pour le Centre permanent pour la Citoyenneté et la Participation, 2020 (pdf)
- Campagne « Sexisme parlons en ! » du Centre Hubertine Auclert, 2019
Discrimination
Qu’est-ce que la discrimination ?
Pour qu’il y ait une discrimination au sens de la loi, trois conditions doivent être réunies :
- Une personne est traitée de manière moins favorable qu'une autre personne ne l'est, ne l'a été ou ne le serait dans une situation comparable ;
- Il n’est pas possible d’apporter une justification raisonnable à cette différence de traitement ;
- La différence de traitement est basée sur certaines caractéristiques, définies par la loi et appelées « critères protégés ».
Quels sont les critères protégés ?
- Nationalité, ou prétendue race, couleur de peau, ascendance ou origine ethnique ou nationale ;
- Âge ;
- Sexe et critère assimilés (grossesse, accouchement et maternité, changement de sexe, identité et expression de genre) ;
- État civil, naissance ;
- Orientation sexuelle ;
- Conviction religieuse ou philosophique ou politique ;
- Langue ;
- Handicap, état de santé, caractéristiques physiques ;
- Fortune, origines sociales ;
Si ces conditions sont réunies, on est face à une discrimination condamnée par la loi.
La discrimination prend différentes formes :
- La discrimination directe : lorsque, dans une situation similaire, une distinction directe est faite entre des personnes en raison de leur sexe, d’une grossesse ou de leur genre ;
- La discrimination indirecte : lorsqu’une disposition, mesure ou pratique apparemment neutre nuit particulièrement à des personnes caractérisées par un critère protégé, par rapport à d’autres personnes ne possédant pas ce critère, et ce sans aucune justification légale ;
- La discrimination systémique : discrimination produite par le système, elle n’est pas simplement le fruit des mentalités ou des valeurs, mais plutôt le résultat de l’interaction entre diverses pratiques sociales qui sont discriminatoires.
- Discrimination toi-même, Fédération Wallonie-Bruxelles, publication réalisé dans le cadre du protocole
de collaboration entre la Communauté française de Belgique, le Centre pour
l’égalité des chances et la lutte contre le racisme et l’Institut pour l’égalité
des femmes et des hommes, 2010 (pdf) - La discrimination à l'école, de quoi parle-t-on ? Stéphane Kus pour les Réseaux de Réussite Scolaire de Saint-Priest, 2011 (pdf)
Quid de la discrimination à l’école ?
L’école peut être le réceptaclle des discriminations qui sont à l’œuvre dans la société, et elle peut parfois les renforcer que ce soit à travers de pratiques pédagogiques véhiculant inconsciemment des stéréotypes. Ou à travers d’autres outils pédagogiques qui reproduisent des stéréotypes.
Lorsqu’un professeur ou une professeure sanctionne des comportements, évalue les enfants, donne des conseil en termes d’orientations scolaires, organise des travaux de groupe, ces actions risquent d’être orientées par des préjugés liés à des critères comme le sexe, l’origine ethnique ou sociale.
L’école est en tension entre l’égalité de traitement dans les principes, et une inégalité de traitement qu’on retrouve dans son mode de fonctionnement réel.
Pour s’attaquer aux discriminations une solution serait d’œuvrer contre toute forme de stéréotypes qui visent à dévaloriser et/ou enfermer femmes/filles et hommes/garçons dans des rôles et fonctions prédéterminés. L’école, en tant que rôle de socialisation, pourrait empêcher la perpétuation de stéréotypes et préjugés, et y aborder d’autres approches de genre.
Quel type de discrimination l’école peut-elle (re)produire ? Voici des exemples de discrimination qu’on peut retrouver à l’école :
- Les consignes qui sont données dans les règlements d'ordre intérieur des écoles concernant le code vestimentaire des filles. le réglement de certaines écoles peut contenir encore des clauses restrictives qui s’adressent uniquement aux filles (pas de lingerie apparente, pas de haut à fine bretelle, dimensions précises de la longueur de la jupe ou de la robe, etc.). Ceci peut avoir un impact : le fait de renvoyer une fille chez elle parce que sa tenue est considérée comme inappropriée signifie que son apparence est plus importante que son éducation. C’est également les réduire à leur corps et à leur apparence et participer à un processus d’hypersexualisation et d’objectivation des filles. Ce type de règlement tand à souligner que les filles ne peuvent toujours pas disposer librement de leur corps. De plus, ces règlement ne sont pas assez précis sur ce qu’ils entendent comme étant trop court ou trop long. Ce qui donne lieu parfois à des situations où la tenue sera appréciée ou non selon la forme du corps de la personne qui la porte (une même blouse pourrait être considérée comme étant décente ou indécente selon la dimension de la poitrine de la fille qui la portera, etc.).
- Au niveau de l'orientation scolaire, le choix pour un·e élève d'une orientation qui ne serait pas conforme aux stéréotypes peut provoquer un jugement dévalorisant à l’adresse de ceux et celles qui voudraient enfreindre la répartition sexuée des savoirs et des métiers. Il s’agit de discriminations indirectes qui contribuent à renforcer des inégalités déjà existantes. Pourquoi les filles sont attirées par les secteurs du soin, de l’éducation, du social et pourquoi l’absence des garçons dans ces filières et métiers ne pose pas de problème ? La répartition des hommes et des femmes dans les métiers ne représente pas le simple reflet des choix d’orientation scolaire : dès l’école secondaire, les filles s’orientent déjà vers les disciplines de sciences humaines (filières moins porteuses d’emploi) et les garçons vers les disciplines scientifiques. Cela pose également la question de l’égalité de chances et des possibilités d’accès à certaines filières pour les garçons et les filles.
- Dis c’est quoi la discrimination ? Patrick Charlie, UNIA
- Campagne « Et toi, t'es casé·e ? »
- Outils pédagogiques proposés par UNIA
Harcèlement
Qu’est-ce que le harcèlement ?
Le harcèlement peut se définir comme une violence physique/psychologique/verbale répétée et qui s’inscrit sur le long terme, commis avec l’intention de nuire. Cette violence s’installe dans un rapport de domination exercé par un ou plusieurs élèves à l’encontre d’un·e élève. Les moqueries répétées à l’égard d’une personne parce qu'elle est une fille, ou parce qu'elle est homosexuelle ou lesbienne, ou parce qu'elle est noir·e, ou parce qu'elle appartient à une minorité de genre, peuvent être qualifiées de harcèlement et son punies par la loi. Un·e élève qui tient des propos sexistes en classe, dans certaines conditions, les propos peuvent être considérés comme du harcèlement basé sur le genre. Un·e élève qui fait des avances insistantes auprès d’un·e élève alors qu’il ou elle ne le souhaite pas, ces avancent oeyvent être considérés comme du harcèlement sexuel. De même, une personne qui utilise la moquerie raciste de manière répétée à l’encontre d’une autre personne, exercera une forme de harcèlement raciste puni par la loi.
À l’école
Le harcèlement entre élèves peut prendre différentes formes :
- Verbales : insultes, moqueries, rumeurs, etc. ;
- Corporelles : pousser, pincer, contraindre à certaines actions, etc. ;
- Matérielles : vols, cacher des objets, racket, etc. ;
- Relationnelles : rejet, exclusion (quand un·e élève arrive, tout le monde s’en va) ;
- Électroniques : cyber harcèlement via les sms ou les réseaux sociaux (par exemple : poster, sans l’accord de la personne, des textes à caractère humiliant, des photos, etc. ) ;
- Moral : discrimination, exclusion, propagation de fausses rumeurs, utilisation de surnoms dévalorisants, provocations sexuelles verbales, etc.
Le harcèlement se différencie des autres faits de violence par les trois caractéristiques suivantes :
- L’intention de nuire : l’agresseur a l’intention délibérée de nuire même si la plupart du temps il prétextera qu’il s’agit simplement d’un jeu ;
- La répétition : il s’agit d’une agression qui perdure à long terme, à caractère répétitif ;
- La disproportion des forces : il a lieu dans le cadre d’une relation dominant/dominé, la victime rencontrant des difficultés à se défendre.
La plupart des actes de harcèlement se commettent en présence de trois parties :
- Un ou des harceleurs ;
- Une ou des victimes ;
- Les témoins ;
Les spectateurs encouragent l’harceleur par leurs rires, leur participation ou leur immobilisme (en agissant pas pour mettre fin à la situation de harcèlement).
Les auteurs
« Pour dépasser un sentiment de fragilité ou dissimuler une vulnérabilité, les auteurs s’affirment par l’agressivité, la force corporelle et/ou verbale. ». La crainte qu’ils inspirent à leur victime est une façon de les rassurer sur leur propre faiblesse. Plus la situation dure, plus les auteurs sont incapables de pouvoir ressentir une quelconque empathie pour leur victime. De plus, le silence des témoins a pour effet de légitimer la situation et d'accabler davantage les victimes de harcèlement.
Les victimes
Elles sont souvent incapables de pouvoir se défendre face aux auteurs souvent plus puissants en force et en nombre. Les victimes ont parfois peur des représailles, elles ont honte de parler et peur de ne pas être cru·es. elles se retrouvent vulnérales et isolées face à une situation de harcèlement. Il est important de pouvoir identifier très vote la situation et d'y mettre un terme.
Les témoins
Le harcèlement perdure lorsqu’il est cautionné par le silence. Les témoins peuvent mettre fin au harcèlement en agissant, il est important d’en prendre conscience. À l’école la reconnaissance de soi et la construction identitaire peuvent se faire en se ralliant à un groupe. L’élève pour mieux s’identifier à ses pairs peut se laisse entrainer dans une dynamique de groupe. Il ou elle pourrait se retrouver à cautionner des comportements qu’iel aurait condamné individuellement.
Harcèlement sexuel
Lorsqu’on impose à une personne des propos ou un comportement sexuel et sexiste, de manière répétée, c’est du harcèlement sexuel. Une situation d’harcèlement sexuel comprend un auteur et une victime. Il concerne autant les filles que les garçons. Cependant, dans la majorité des cas, la victime est une fille et l’agresseur est un garçon.
Le harcèlement peut prendre différentes formes :
- Remarques à connotation sexuelle ;
- Avances répétitives ;
- Commentaires grossiers ;
- Regards insistants ;
- Invitations pressantes ;
À l’école, le harcèlement peut se caractériser de différentes manières, notamment via des insultes sexistes entre élèves (entre mineur·es), mais également entre enseignant·e et élèves (entre une personne majeure et une personne mineure). Le harcèlement sexuel peut entraîner différentes répercussions sur la santé de la victime : baisse des résultats scolaires, absences multiples. Les comportements sexistes et les violences sexuelles concernent toutes les sphères de la société et touchent toutes les catégories sociales. Ces violences sont intrinsèquement liées aux inégalités encore persistantes entre les hommes et les femmes qui découlent de stéréotypes sexistes. Ces stéréotypes sont ancrés dès le plus jeune âge et justifient une domination d’un sexe sur l’autre et peuvent initier des comportements violents. Les stéréotypes sexistes peuvent prendre différentes formes. Par exemple, les plaisanteries et insultes sexistes sont monnaie courante en milieu scolaire. Les relations entre les élèves sont marquées par des échanges verbaux et corporels érotisés, empreints d’une violence sexiste généralisée et trop souvent banalisée.
Amnesty International et SOS Viol ont par ailleurs montré via la publication d'un sondage réalisé par l’Institut Dedicated sur le viol et les violences sexuelles en Belgique que la catégorie des jeunes de 15 à 24 ans était la plus touchée par les violences sexuelles. « Le sondage révèle qu’un jeune sur quatre a été victime de viol et que minimum 48 % des victimes de violence sexuelle y ont été exposées pour la première fois avant l’âge de 19 ans. ». Il s’agit d’une conséquence de la banalisation des stéréotypes sexistes qui impacte notre perception du monde et construit sur un rapport de domination entre les sexes, rendant légitime les violences sexuelles telle qu’une main aux fesses, une photo intime diffusée sans le consentement d’une fille sur internet, une insulte sexistes, des relations sexuelles forcées, etc.
- Résultat du sondage sur le site d'Amnesty International sur les violences sexuelles en Belgique
- « #PlusJamais sans mon accord » publication du Centre Hubertine Auclert (pdf) et « #PlusJamais sans mon accord » site internet du Centre Hubertine Auclert
Cyberharcèlement
Générations hyperconnectées
L’espace virtuel peut également être un lieu dans lequel se manifestent des violences qui prennent place dans l’espace réel. Le harcèlement virtuel regroupe tout type de harcèlement qui fait appel aux nouvelles technologies pour imputer, menacer et insulter les victimes avec pour objectif de les blesser. Pour pouvoir parler de cyberharcèlement, le comportement doit se produire de manière intentionnelle et répétitive et il doit y avoir un rapport de force déséquilibré entre la victime et l’auteur. Il s’agit d’une forme de violence qui existe sur des plateformes numériques. Les violences subies par les victimes dans une sphère sociale (l’école, la sphère professionnelle, l’Université) peuvent se prolonger jusqu’au domicile. De plus, souvent internet offre un anonymat qui peut bénéficier à l’auteur. de ces violences et augmente le sentiment de solitude de la victime. Le cyberharcèlement est une violence qui peut être dite de genre puisqu’elle touche majoritairement les femmes et les filles. Le cyberharcèlement touche plus particulièrement les personnes issues de minorités (ethnique, religion, orientation sexuelle). Cependant une personne est harcelée à cause de comportements négatifs de la personne qui l’agresse et non à cause de son appartenance à une minorité.
Les différentes formes de cyberharcèlement :
- Les propos diffamatoires et discriminatoires : les propos humiliants, agressifs, injurieux ;
- Le doxxing : la divulgation d’informations sur l’identité ou la vie privée d’une personne sans son consentement et dans l’optique de la nuire ;
- Le revenge porn : la diffusion d’images à caractère sexuel sans le consentement de la personne qui est présentée ;
- Le slut-shaming : c’est le fait de stigmatiser une personne, généralement une femme, pour sa tenue, son comportement ou son attitude considérée comme (trop) révélatrice de sa sexualité (réelle ou supposée) ;
- Le flaming : il s’agit de l’envoi, par les réseaux sociaux, de courts messages très violents ;
- Le happy slapping ou vidéo-lynchage : cela consiste à filmer et diffuser sur les réseaux sociaux, sans le consentement de la victime, des agressions physiques ou des scènes intimes ;
- Le dénigrement : c’est la propagation de rumeurs visant à ruiner la réputation d’une personne/les intimidations, insultes, moqueries, menaces, les incitations à la haine, l’usurpation d’identité, le piratage de compte ;
- Le cyberstalking : il s’agit de la méthode consistant à envoyer une multitude de messages injurieux ou à diffuser méthodiquement et systématiquement des documents gênants ;
- Le cybercontrôle et la cybersurveillance : c’est le fait, généralement dans un couple, d’exiger de son ou sa partenaire les codes d’accès de son téléphone ou à ses réseaux sociaux afin de contrôler ses activités, le fait d’exiger, de savoir et de prouver où on se trouve, d’être joignable en permanence, le fait de surveiller les déplacements d’une personne.
Cyber sexisme et cyber harcèlement sexuel :
Le cyberharcèlement et cybersexisme désigne des actes, des commentaires, des messages à caractère sexuel, ou sur la manière de s’habiller, sur la vie sexuelle. Il s’agit de violences sexistes et/ou sexuelles qui visent principalement les filles. Les filles sont deux fois plus nombreuses à déclarer avoir été la cible d’insultes concernant leur vie sexuelle ou amoureuse : 22% des filles ont été traitées de « putes » ou de « salopes ».Les filles sont davantage victime d’autres formes de discriminations comme les rumeurs, c’est pour cela qu’elles souffrent davantage de mise à l’écart que les garçons. Les garçons sont quant à eux davantage exposés à des insultes homophobes, ils sont accusés de ne pas être des « vrais mecs », on s’attaque à leur « virilité hétérosexuelle ». Dès l’école secondaire, les filles sont exposées à des violences spécifiques à caractère sexiste et sexuel, qui traduisent des injonctions autour du corps et de leur sexualité. Près d’une fille sur cinq (20 %) déclare avoir subi des gestes à caractère sexuel qui l’ont mise mal à l’aise (mime sexuel) alors que 5% des garçons déclarent avoir subi de tels gestes. Près d’une fille sur sept (14 %) dit avoir subi des attouchements sexuels au sein de leur établissement scolaire (pour 6,8 % de garçons), et elles sont 5% à signaler y avoir été confrontées plusieurs fois. Une fille sur dix (10%) signale qu’on lui a demandé d’embrasser, de caresser, ou de toucher des parties intimes du corps ce qui l’a mise mal à l’aise, pour 5% des garçons.
Le cyberharcèlement est d’autant plus violent puisqu’il bénéficie d’une double invisibilisation : il se déroule dans un espace virtuel favorisant l’anonymat, la divulgation et échappe plus facilement au contrôle et il s’inscrit dans un système de contrainte qui s’impose aux filles et aux garçons intériorisés par ceux/celles-ci, il est donc plus difficile à repérer.
Revenge Porn
Une autre forme d’harcèlement en ligne est le revenge porn. Il s'agit de la diffusion de photos ou vidéos intimes en ligne sans le consentement de la personne dans le but de se venger. C'est souvent le fait d’un ex-partenaire qui suite à une rupture décide de divulguer les contenus intimes envoyés par son ou sa partenaire au moment où ils étaient en couple.
Des comptes dits Fisha ont été créés sur des réseaux sociaux comme Snapchat, Facebook, Twitter, Instagram, etc. dans le but de diffuser des photos et des vidéos sans le consentement des personnes concernées. Le but étant de « afficher des filles ‘faciles’ ou plus rarement des garçons infidèles ou homosexuels » comme le souligne la Soralia.
Ce phénomène a explosé durant le confinement étant donné que les échanges entre adolescent·es et adultes se sont résumés à des échanges virtuels. De nombreux couples ont été séparés pendant le confinement, ce qui a favorisé l’envoie de photos et vidéos intimes. L’envoie de ces contenus n’est absolument pas un problème en soi, le vrai souci vient du comportement malveillant de certaines personnes.
Le revenge porn est puni par la loi en Belgique. Les individus qui exposent des photos et vidéos intimes d’une personne sans son consentement s’exposent à une peine d’emprisonnement de six mois à cinq ans, et d’une amende de 200 à 1.500 euros.
L’adolescence est un âge de transformations et de changements lors desquels s’opèrent la construction de l’identité de genre et les premières explorations sexuelles entre pairs. Les nouvelles technologies proposent des nouvelles voies pour entretenir et initier son propre réseau social et les relations d’amitié et amoureuses. Néanmoins, l’espace virtuel peut également représenter un espace d’extension de violences sexistes et de genre. Ces violences sont des conséquences du sexisme ordinaire qui justifie et maintient des rôles de genre rigides et des stéréotypes sexistes. Par les propos que les individus tiennent, par leur manière d’être au monde, ils véhiculent les prescriptions de genre qui leur ont été transmises par le processus de socialisation. C’est pour cela que les adolescent·es, en pleine définition identitaire, peuvent se trouver à surjouer l’homme et/ou la femme.
Les jeunes construisent, réaffirment le genre : comment « faire » et comment « ne pas faire » sa féminité ou sa masculinité. Les violences sexistes jouent un rôle de rappel à l’ordre pour toute personnes ne rentrant pas dans le rôle qui leur est dévolu : le maquillage, l’apparence, les préférences sexuelles, les partenaires sexuels sont des critères pouvant être sanctionnés.
En 2021, l’UNESCO a déclaré le premier jeudi de novembre la journée internationale contre la violence et le harcèlement en milieu scolaire, y compris le cyberharcèlement. Les violences en milieu scolaire sont reconnues comme portant atteinte aux droits des enfants et des adolescent·es à l’éducation, à la santé et au bien-être.
Alors que les pays apportent diverses mesures en réponse à la pandémie liée au COVID-19, l’éducation des jeunes ainsi que leur vie sociale, se déroulent de plus en plus en ligne. En effet, internet offre une multitude de possibilités de communication et d’apprentissage, mais le temps que les jeunes (et les adultes) passent devant les écrans, les exposent plus facilement aux violences qui existent en ligne.
« Des données provenant de plusieurs pays révèlent également que les enfants, en particulier les filles âgées de 11 à 13 ans, sont de plus en plus exposés au risque d’être visés par des prédateurs sexuels. »
Bien que les violences en ligne ne s’exercent pas uniquement à l’école, le système éducatif a un rôle important à jouer dans la prévention et la sécurité sur internet. Il doit pouvoir fournir aux jeunes les compétences et les connaissances nécessaires pour pouvoir identifier la violence en ligne et se protéger des différentes formes qu’elle peut prendre.
Le cyberharcèlementnuit à la santé mentale, à la qualité de vie des étudiant.e.s et à leurs résultats scolaires.
« En termes de santé mentale, le harcèlement comme tout stress affecte le métabolisme et les défenses immunitaires provoquant des somatisations anxieuses – maux de ventre, de tête, vomissements, insomnies, troubles alimentaires. Le sentiment de honte contraint ces enfants à se replier sur eux-mêmes, persuadés qu’ils sont responsables de ce qui leur arrive. Les victimes peuvent alors développer un état dépressif et des idées suicidaires […] »
Toutes formes de violences scolaires ont pour conséquences le développement de troubles nerveux, anxieux, voire dépressifs, accompagnés de pensées suicidaires voire de passage à l’acte. Maëlle, 14 ans, qui n’a pas supporté la diffusion d’une vidéo intime et qui a décidé de mettre fin à ses jours n'est pas un cas isolé.
- site de l'ASBL Les mots de Tom
- Maëlle s'est suicidée à 14 ans : "c'est au moment de son suicide que j'ai découvert le harcèlement dont ma fille était victime" article de Christine Borowiak dans la RTBF, 18/02/2021
- Tessae : "je veux aider les jeunes victimes de harcèlement scolaire à prendre la parole sur France Inter, 15/11/2021
- Synthèse sur le Cybersexisme : une étude sociologique dans des établissements scolaires franciliens, Centre Hubertine Auclert, 2016.
- Le Cybersexisme sur le plateforme Matilda Education
- L'homme viril : cette tradition qui persiste par Jimmy Bourquin sur france Inter, 21/11/2019
- Le slutshaming : un mécanisme d'oppression au-delà de l'insulte, analyse des femmes Prévoyantes Socialistes, 2017 (pdf)
- TESSÆ, Frôler les murs, éd. Lattes, 2021