Géographie et histoire : Agir
Attention : cette partie est en cours de refonte pour être mise en lien avec les nouveaux référentiels du Tronc commun, les informations ci-dessous sont donc susceptibles d’être mises à jour.
Histoire
Pour construire une séance d'histoire plus égalitaire, vous pouvez articuler le cours autour de trois niveaux :
- Enseigner le concept du genrepour comprendre que les normes et les rôles assignés à chaque genre sont une construction sociale qui varie dans le temps et dans l’espace, et pour démontrer la dissymétrie existante de cette construction ainsi que les enjeux politiques qui en découle ;
- Rendre visibles les femmes et les minorités de genre en soulignant leur apport aux faits historiques abordés en cours et s’interroger sur leur absence de certains événements historiques ;
- Tenir compte de tous les groupes qui composent une société et montrer comment un même événement peut être vécu de manière différente selon sa position (sociale, économique, son origine, son orientation sexuelle, son genre, etc.).
Ces trois niveaux sont à prendre en compte pour chaque fait historique étudié, chaque source mobilisée chaque problématique choisie en cours et pour chaque activité proposée aux élèves.
Il est fondamental de stimuler la réflexion des élèvesautour de la construction des inégalités, de la transmission des normes, de l’attribution des rôles, de la répartition dans les différentes sphères sociales, des représentations sociales à travers le temps.
Vous pouvez adoper la méthodologie suivante :
- La problématique : l’égalité des genres peut être le fil conducteur de la leçon. Tout événement historique étudié, partout dans le monde, à toute époque peut et doit être questionné sous le prisme du genre. Pour cela, il suffit de se poser la question suivante : où sont les personnes qui n’entrent pas dans la catégorie « homme blanc cisgenre et hétérosexuel » dans l’événement historique que je choisi d’étudier ?
- Le choix des sources : vous pouvez choisir des sources où les femmes ne sont pas uniquement représentées sous forme d’allégorie, de figures religieuses, ou de mauvaises reines. Vous pouvez proposer des textes écrits par des femmes. Vous avez du mal à en trouver ? Vous pouvez vous questionner sur les raisons qui rendent votre travail de recherche de sources rédigées par des femmes compliquée. Est-ce que les femmes avaient accès à la rédaction des sources ou même à une éducation pour apprendre à lire et à écrire ? Est-ce que les femmes avaient accès à des sphères décisionnelles ou à la production de sources écrites. Il est important de se poser la question de ce que nous apprends ou non une source historique ;
- Les questions ou les activités : soyez attentifs et attentives à avoir des représentations de femmes diversifiées et qui soient conformes ou non aux normes de genre de l’époque afin d’amener un débat avec les élèves sur les changements (ou non) advenus depuis. L’absence de femmes dans les manuels ou dans les frises chronologiques peut aussi être un élément de discussion pour les élèves : pourquoi les historien·nes invisibilisent les femmes dans leur récit ?
- « Femmes & Hommes dans l’Histoire : Un passé commun. Antiquité et Moyen Age » de Claudine Marissal, Labor Education, 2013 ;
- « Dire l’histoire des femmes à l’école. Les représentations du genre en contexte scolaire » de Nicole Lucas, Armand Colin, 2009 ;
- « Dire le genre à l’école, une exigence citoyenne » de Nicole Lucas, dans Christine Morin-Messabel (dir), « Filles / Garçons. Questions de genre, de la formation à l’enseignement », Presses U de Lyon, 2013 ;
- « Femmes ? Genre ? Mixité ? Quelles nouvelles perspectives pour l’enseignement de l’histoire » de Muriel Salle, Fanny Gallot, dans Christine Morin-Messabel Christine et Muriel Salle (dir), « A l’école des stéréotypes. Comprendre et déconstruire », L’Harmattan, 2013.
Géographie
Le cours de géographie peut servir de piste de réflexion en utilisant l’échelle de l’espace scolairedans l’étude géographique sur le genre.
La géographe Edith Maruéjouls a travaillé sur les questions de mixité, d’égalité et de genre dans les espaces de loisirs pour les jeunes. Elle souligne un inégal partage des espaces de loisirs qui s’adressent essentiellement aux garçons dont les pratiques de loisirs sont survalorisées. Les enfants n’apprennent pas à partager l’espace scolaire, les garçons bénéficient d’un espace central (généralement un terrain de footbal) tandis que les autres élèves à qui on interdit de jouer au footbal (les filles et les garçons exclus) sont relégué·es sur les côtés. Cela crée symboliquement des inégalités de genre qui vont ensuite se reproduire dans l’espace public.
Déconstruire la division genrée des espaces
Le but de ce cours pourrait être de déconstruire les normes de genre qui sont souvent associées à des espaces et rendre compte des mobilisations des femmes et des minorités de genre pour s’approprier des lieux comme la rue, la nuit, les lieux publics. Le cours de géographie peut aussi être un moyen de mettre en lumière les stratégies d’évitement mis en place par les femmes et les minorités de genres.
Prenez le temps d’observer, analyser avec les élèves le partage des espaces.
Vous pouvez adoper la méthodologie suivante :
- Observer : qui occupe quel espace ? À partir de photos de lieux publics (ouverts ou fermés) et de sociabilité comme des terrasses de cafés, des parcs, des places publiques, etc. À partir de ces observations vous pourriez souligner l’utilisation inégalitaire de ces espaces ;
- Analyser :qu’est-ce qui peut expliquer cette différenciation ? Ces disparités pourront être mises en relation avec les rapports sociaux de classe, de race, d’âge, etc. ;
- S’approprier la question : quels sont les espaces occupés par les élèves ? Est-ce qu'ils aussi à cette différenciation ? Est-ce que les espaces de l’école reproduisent aussi cette séparation entre les élèves ? Vous pourriez introduire la question de la cour de récréation, des vestiaires, des toilettes, etc. ;
- Déconstruire : proposer aux élèves des occupations alternatives de ces espaces. Les élèves vivent dans différents endroits de la ville et tous ces endroits ne sont pas investis de la même manière par les hommes et les femmes, ainsi que pour les minorités de genre.