Famille : Agir

Les stéréotypes de genre qui influencent la socialisation des individus participent également à la construction identitaire des filles et des garçons. Dans cette rubrique nous nous intéresserons à l’influence de la socialisation familiale et scolaire dans la construction identitaire des élèves.

Nous proposons des pistes d’action que l’école pourrait mettre en œuvre pour montrer  des modèles familiaux qui existent aujourd'hui. Le but est de prendre en compte cette diversité en classe afin d’instaurer un environnement plus inclusif et de déconstruire certains stéréotypes à travers des outils pédagogiques.

 

 

Qu'est-ce que la famille pour toi ?

Vous pouvez demander aux élèves de : 

  • Réaliser une fiche, un dessin, un collage ou encore un schéma qui représente selon elles et eux « La famille ». L’idée est de parvenir à la conclusion que la famille ne se réduit pas à un lien de sang ;
  • Échanger en groupe au sujet des représentations positives et négatives que les élèves peuvent avoir de la famille. Un débat pourra suivre concernant les principales fonctions que les élèves associent au concept de famille ;
  • La question du désir de maternité peut être traitée ici. De jeunes filles ou jeunes femmes pourraient faire des déclarations du type « Je ne veux pas d’enfant et je me sens stigmatisée par ce choix ». Si pour certaines femmes/filles devenir mère est une évidence, pour d’autres ce désir est inexistant. Certains jeunes garçons ou jeunes hommes partagent ce sentiment mais ces derniers subissent moins de pression sociale à ce sujet. Néanmoins, il n’est pas évident de faire ce choix dans une société où la maternité est sacralisée, voire vue comme une obligation. L’idée est donc de déconstruire cette injonction : le choix d’être mère doit rester personnel ou propre à chaque couple et personne n’a à s’en justifier.

Vouc pouvez inviter en classe des expert·es :

  • Plannings familiaux, une association d’aide en cas de violences intrafamiliales ;
  • Un membre du corps judiciaire spécialisé en droit de la famille ;
  • Des personnes appartenant à des familles autres que hétéronormées (familles homoparentales, familles monoparentales, parents adoptants, familles d’accueil, etc.) et ayant l’habitude de s’exprimer à ce sujet.

 

Proposer d’autres modèles

La meilleure manière de normaliser ce qui n’est pas considéré comme rentrant dans la case  « normale » est de le rendre visible à travers des représentations littéraires par exemple :  lorsque l’on parle d’amour, on n’est pas obligé de proposer aux étudiant·es des œuvres littéraires mettant en scène des sentiments entre un homme et une femme.

Ci-dessous, vous trouverez quelques suggestions de livres pour les plus petits :

  • Monoparentalité : Un air de familles, Le grand livre des petites différences, Béatrice Boutignon, Le Baron perché, 2013 et  Moi, mon papa, par Myriam Ouyessad et Arnaud Nebbache, Points de suspension, 2017 ;
  • Homoparentalité : Dis... mamanS, Muriel Douru, Gaies et Lesbiennes, 2003 et Jean a deux mamans, Ophélie Texier, L’école des loisirs, 2004.

Ci-dessous, vous trouverez quelque suggestions de livres pour les plus grands : 

  • Lorsqu’on aborde la mythologie grecque en cours, ne pas hésiter à parler des très nombreuses histoires d’amour entre personnes du même sexe : le Dieu Apollon et le roi de Sparte Hyacinthe,Hermaphrodite et Androgyne (permettant d’introduire également les deux terminologies), Achille et Patrocle et tant d’autres ! ;
  • Durant la Renaissance européenne, des auteurs comme Denis Diderot étaient des grands défenseurs du libertinage et du plaisir féminin ;
  • Parmi la littérature du 19e siècle, on peut mentionner Le Comte de Monte-Cristo d’Alexandre Dumas ; Nana d’Emile Zola (qui permet également d’aborder la question des violences conjugales) ; Les Rougon-Maquart (qui dépeint la faillite de la famille traditionnelle) ou encore La femme de Paul de Guy de Maupassant. Il est également intéressant de se questionner sur le regard masculin posé sur ces relations amoureuses entre femmes dans ces œuvres.      

Lorsque les élèves auront partagé leur propre représentation de la famille, une deuxième séquence pourra envisager de leur demander de proposer des schémas familiaux diversifiés : familles monoparentales, homoparentales, recomposées, parents ensemble, séparés,…  

Pour trouver d'autres idées de pistes pédagogiques à mobiliser en cours : Eduquer contre l'homophobie dès l'école primaire, Des outils théoriques et pratiques pour avancer, Dossier élaboré par SNUipp-FSU, 2013 (pdf)
 

 

Souligner l’importance du rôle du père en tant que parent

Les différentes représentations de familles présentées en classe vont aider les enfants à arriver à l’étape suivante qui est celle de commencer à dissocier le genre des parents des activités qu’ils et elles prennent en charge ou auxquelles ils et elles sont associé·es.

Souvent, dans les manuels scolaires le modèle familial présenté est celui du couple parental hétérosexuel. Les réalités des familles monoparentales ou recomposées sont peu diffusées. Et celle des familles LGBT (Lesbiennes, Gays, Bisexuelles ou encore transgenres) encore moins.

Il faut agir sur les représentations à long terme des rôles de genre associés aux parents. À situations sociales, économiques et professionnelles égales, la réalité d’une mère seule et celle d’un père seul ne sont pas les mêmes et ce, en raison des stéréotypes de genre qui sont encore véhiculés dans la société. Par exemple, la figure d’un père qui s’occupe de son ou ses enfants est hautement valorisée, alors que celle d’une mère à la tête d’une famille monoparentale reçoit moins de reconnaissance et encore moins d’aide.

La proposition d’autres rôles parentaux peut stimuler la mise en place de nouvelles dynamiques au sein du couple : les femmes ne doivent plus être considérées comme les seules responsables du foyer, quelle que soit la structure familiale. Les pères doivent être impliqués autant dans les tâches domestiques que dans celles éducatives. L’école peut jouer un rôle concret en faisant par exemple appel aux deux parents en cas de besoin et en n’appelant pas systématiquement la mère. Il faut ainsi veiller, de façon très pragmatique, à ce que le numéro des deux parents soit connu par l’école.

De même, certaines représentations stéréotypées en matière de genre devraient cesser d’être reproduites dans les communications de l’établissement et utilisées dans les manuels scolaires :

  • Le père reste souvent représenté dans un cadre extérieur à la maison.  Il est également montré comme la figure autoritaire, le représentant de la sanction. Il existe très peu de figures de père avec un enfant dans les bras ou avec une poussette ;
  • La mère reste souvent représentée à l’intérieur de la maison. lle est montrée  comme une  figure de réconfort et de douceur.lle est  très fréquemment mise en scène  avec un bébé dans les bras.

Source : Manuel scolaire et stéréotypes sexués : éclairages sur la situation en 2012, Etude exploratoire des CEMEA, Hors-Série 2012

 

Informations pour les parents solo

Les parents sont des acteurs à part entière de l’école et ont la possibilité d’exprimer leurs besoins et les difficultés de leur quotidien et chaque école doit favoriser leur représentation et participation. 

Néanmoins, les différentes réalités que vivent certains parents ne leur permettent pas de s’investir de la même manière dans la vie scolaire de leurs enfants. Les familles monoparentales sont de plus en plus nombreuses et ont en grande partie un niveau de précarité important.L’école peut faire office de lien entre des services extérieurs qui viennent en aide aux parents seuls et autres familles en difficulté. Parce que prendre en charge seul·e l’éducation d’un ou de plusieurs enfants peut être épuisant, plusieurs actions ont vu le jour pour venir en aide aux familles monoparentales.

En voici quelques unes à proposer aux parents :

  • L’ASBL Hamac à Bruxelles, crée des liens entre les familles monoparentales et des accompagnateur·rices bénévoles qui habitent dans le même quartier. L’asbl a pour but de permettre aux parents en situation de monoparentalité d’avoir plus de temps pour eux et elles, et de rencontrer d’autres parents dans la même situation ;
  • La Maison des parents solos créée par la Ligue des familles propose des permanences sociales permettant à chaque famille de déposer son témoignage. Des permanences juridiques, des activités parents-enfants, des ateliers entre parents ou encore des babysittings peuvent être organisés pour aider les familles monoparentales à faire face aux nombreuses situations auxquelles elles sont confrontées ;
  • La Région Wallonne a également créé un portail qui met à disposition des parents une série d’informations utiles pour les familles monoparentales ;
  • Le petit vélo jaune propose un accompagnement pour les parents plus isolés ou en situation de précarité. Cet accompagnement est gratuit.   

 

 

Les violences conjugales touchent aussi les enfants

Si vous faites face à un cas de violence dans votre classe, il est tout à fait normal que vous puissiez vous trouver désemparé·e et que vous ne sachiez pas comment réagir.
C’est pour cela qu’avant d’avancer toute proposition de pistes à suivre, nous soulignons ici l’importance de s’adresser aux associations de terrain possédant une expertise sur le traitement de ces questions.

Dans cette partie nous vous proposons des ouvrages de littérature de jeunesse qui présentent différentes manières d’appréhender les violences intrafamiliales avec vos élèves, des plus petits aux plus grands.

Ressources pour les plus petits : 

  • Luna Chabbert et Clémentine Pochon, Luna la nuit, Paris, Les Enfants Rouges, 2017 ;
  • Fanny Vella, Le seuil, Saint-Rémy-de-Maurienne, Big Pepper, 2020 ;
  • Loïc Dauviller et D'AVIAU Jérôme D'Aviau, Inès, Paris, Drugstore, 2009.

Ressources pour les plus grands : 
Voici deux références de courts métrages à visualiser en classe et pouvant aider les jeunes à identifier des signes de violences, visibles et invisibles, et leurs conséquences.

  • Aurore d'une réalité, réalisé par Jean Marc Herbiet en 2013.
  • Marques d'amour : quand les relations amoureuses dérapent, réalisé par RTA ASBL en 2008.

Les relations amoureuses entre adolescent·es présentent des dynamiques proches de celles des relations amoureuses entre adultes. Des situations de violences peuvent exister également chez les jeunes et se manifester sous différentes formes (physiques, verbales, psychologiques, sexuelles…). Nous vous invitons à consulter la section concernant les violences sexuelles et sexistes de ce site pour approfondir le sujet.