Médias : Agir

Un coup d’œil sur le fil d’actualité Facebook ou Instagram dès le petit déjeuner, le journal « Le Métro » qui nous accompagne dans les transports, des multiples connexions sur le web durant la journée qui font office de pauses au travail, etc. Autant de moments du quotidien qui nous rappellent à quel point les médias sont omniprésents dans nos vies.

Les médias nous proposent une interface entre la sphère publique et la sphère privée. L’accès plus facile et généralisé à la connectivité donne la possibilité au public de pouvoir diffuser ses propres contenus partout et tout le temps.

Dans cette section, il s’agit de mettre en avant les points d’attention à garder à l’esprit lorsqu’on sélectionne un article de presse quotidienne pour repérer le sexisme dans les médias. Le choix des mots et des titres utilisés a un impact sur la manière de traiter certaines thématiques : lorsqu’elle parle des violences à l’égard des femmes, la presse va plus facilement souligner leur statut de victimes et très rarement parler des hommes comme auteurs de ces violences.

 

Comment repérer le sexisme dans les médias

Le problème majeur du traitement des violences envers les femmes par les médias écrits et audiovisuels est la dépolitisation des violences sexistes : le registre mobilisé dans les articles renvoie ces violences à des cas isolés, sans évoquer le continuum de violences dans lequel elles s’inscrivent. Ces violences ne sont pas reliées à une analyse systémique. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle il est important de parler de féminicide.

Repérer les stéréotypes véhiculés par les médias permet aux jeunes de s’interroger sur leurs propres représentations et sur les influences que ces articles peuvent avoir sur la construction de notre société.

 

    Définition

     

    Définition : Le terme de Féminicide a été défini juridiquement dans le Code pénal belge (2016).

    « Art. 395/1. Sont qualifiés de féminicides les crimes et délits prévus aux articles 393 à 397, 401 et 404, commis sur une personne de sexe féminin :

    • soit en raison de son sexe ;
    • soit par une personne qui cohabite occasionnellement avec la victime ;
    • soit par une personne avec laquelle la personne entretient ou a entretenu une relation affective ».

    Le traitement médiatique des violences à l’égard des femmes    

    Vous pouvez travailler à partir d'un journal (presse écrite) pour aborder la thématique du sexisme dans les médias en classe.

    Pour cela vous pouvez appliquer la grille d'analyse suivante :

    • Combien de sujets sont consacrés à la cause des femmes ?
    • Est-ce que le ou la journaliste fait appel à des femmes pour donner une expertise sur le sujet qu'il ou elle traite ? Si non, est-ce que la parole est donnée aux femmes ? Si oui, quel est leur statut par rapport au sujet traité ?

    Vous pouvez également consulter avec vos élèves des médias indépendants alternatifs et féministes : Axelle Magazines, Les Grenades, La Déferlante, Gaze Médias, Women who do stuff (dont les deux premiers numéros sont en libre accès).

    Si un article de journal est consacré aux violence faites des femmes, vous pouvez appliquer la grille d'analyse suivante :

    • Est-ce que le journal en parle ?
    1. Dans quelle section a été placé l’article ?  
    2. Quel titre est donné à l’article ?  
    3. Quels mots sont utilisés ? Est-ce qu’on utilise le terme féminicide ? sinon par quels mots est-il remplacé (incident, drame familial, crime passionnel…) ?
    4. Est-ce que l’agresseur est traité comme une victime des faits ?
    5. Est-ce que l’article se demande si la victime était dans un état de sobriété ou non ?
    6. Est-ce que l’article va rechercher dans le passé de la victime une soi-disant provocation qui expliquerait ce qu’elle a subi ?
    • Quelle illustration est utilisée par l’article ?
    • Est-ce que l’article fait de l’humour déplacé pour traiter du sujet ?
    • Est-ce que l’article fait appel à des associations de terrain pour commenter les faits ? Si non, à qui fait-il appel ?
    • Qui est l’auteur·e de l’article ?

     

    Remettre en question une information ?

    Vous pouvez prendre un journal (presse écrite) et appliquer avec les élèves la grille suivante d'analyse suivante qui vise à remettre en question une information donnée  :

     

    Étude de la source 

    • D'où vient l'information ?
    • Qui en est l'auteur·e ?
    • D'autres sources peuvent-elles valider ces informations ?

     

    Étude du support 

    • Quel type (presse écrite, audiovisuelle, fiction, documentaire, etc.) ;
    • Quel message (incitatif, narratif, informatif, etc.).

     

    Étude de l'enjeux

    • Quest-ce que cette information peut changer ?
    • A qui s'adresse cette source ?
    • L'enjeu est-il important ? Pour qui ?

     

    Étude du contexte 

    • Dans quel cadre s'insère l'information (politique, militant, artistique, commercial, etc.
    • Comment je me situe par rapport à cette information ?
    • Pourquoi ai-je fait recours à cette information ? Y-a-t'il un enjeu personnel, relationnel, émotionnel avec le contenu ?
    • Est-ce que je suis capable de relier cette information à d'autres connaissances sur le sujet ?

     

    Étude des références

    • Quels arguments sont avancés par l'auteur ? Ces arguments constituent-ils des peuves solides ?
    • Quelles affirmations sont présentées comme incontestablement vraies ?
    • Les références citées sont-elles validées ou non ?

     

    Étude du vocablulaire

    • Quels sont les mots de vocabulaire « clés » utilisés ?
    • Les mots de vocabulaire sont-ils correctement modifiés ?

     

    Étude de l'argumentation

    • Est-ce qu'il y a appel à l'émotion ?
    • Les arguments sont-ils valides ou non ?
    • Est-ce qu'il y a un recours à des stéréotypes ? Est-ce que l'article s'appui sur des représentations dominantes ?

     

    Étude raisonnement 

    • Les liens logiques sont-ils explicites ou corrects ?
    • Y a -t-il des incohérences ou des contradictions ?

     

    Source : Cette fiche a été réalisée d'après la carte méthodologique de Julien Machet résumée dans Pratique des Sciences sociales de Jacques Cornet, Anne Martin, Sylvie Navarre et Philippe Soutmans, Tome 1, Édition Erasme 2021, p. 297

     

    « Ouvrir mon quotidien »

    La lecture de la presse en classe peut participer à l’éducation à la citoyenneté active et au développement de l’esprit critique.

    Ces deux grilles de lecture peuvent être utilisées comme un exercice quotidien à faire faire aux élèves. Le  site Lapresse.be propose, par exemple,  l’envoie chaque jour de différents quotidiens. Le nombre de quotidien envoyés est proportionnel au nombre d’élève dans l’établissement.

     

    Des journalistes en classe pour la journée de présentation du sexisme dans les médias

    Le Conseil Supérieur d’Éducation aux Médias (CSEM) propose parmi ses activités éducatives, de faire appel à des journalistes professionnel⸱les pour qu’ils et elles viennent présenter leur travail en classe. Cela permet aux journalistes d’expliquer leur métier et d’initier les jeunes au monde des média.

    Quelques propositions de journalistes à qui faire appel : Camille Wernaers, Marine Guiet, Audrey Vanbrabant, Camille Loiseau, Florence Hainaut, etc.

    La RTBF propose des échanges entre les journalistes de leur rédaction et les élèves des écoles. Vous pourriez faire appel à la RTBF et en particulier aux Grenades RTBF afin d’avoir un échange avec des journalistes engagées (Camille Wernaers en est un exemple) sur legenre de l’information et sur les différentes formes de sexisme auxquelles les journalistes femmes font face dans leur métier.

    Cette rencontre permettrait de pouvoir parler de l’invisibilisation des femmes dans les médias, des assignations de genre véhiculées et des inégalités dans un sens plus large. Elle viserait aussi à prendre connaissance des outils existants pour pouvoir lutter contre celles-ci. Cela permettrait également aux élèves de prendre conscience qu’is et elles pourront créer du contenu non sexiste sur leurs réseaux sociaux, voire du contenu pour lutter contre le sexisme.