Médias
Vous trouverez dans cet espace des informations utiles pour « Comprendre » une thématique donnée à la lumière des principes d'égalité entre les femmes/filles et les hommes/garçons.
La partie « Agir » vous propose, quant à elle, diverses pistes à mettre en pratique.
Pour aller plus loin et découvrir des ressources sur la thématique, il vous suffit de consulter le « Catalogue », de la sélectionner ainsi que le type de support que vous souhaitez utiliser. Ces ressources sont mises à disposition pour enrichir vos connaissances et celles de vos élèves sur le sujet.
Comprendre la thématique
Cette partie a pour objectif de souligner le rôle des médias dans la reproduction et le maintien des stéréotypes et préjugés sexistes auxquels sont confrontés les filles/femmes et les garçons/hommes. les médias participent au processus de socialisation des individus : ils fixent le cadre de ce qui est visible, audible, voire même dicible.
Le premier geste que réalisent la plupart des citoyens et citoyennes en se réveillant le matin est de jeter un coup d’œil sur leur portable pour accéder à l’information via les réseaux sociaux ou encore les sites de journaux en ligne. Que ce soit le téléphone, la radio, la télévision ou encore les affiches publicitaires dans la rue, les médias ne font pas que refléter notre société. Ils contribuent à véhiculer les normes qui la structurent.
La présence des femmes dans la profession journalistique
En octobre 2020, le CSA (Conseil Supérieur de l’Audiovisuel) a présenté les résultats de l’étude « l’égalité des genres dans les métiers de l’audiovisuel » dont le but est de comprendre la trajectoire professionnelle des hommes et des femmes dans l’ensemble des métiers du secteur (journalistes, scripte, réalisateur·ice, ingénieur·e du son, etc.). Cette étude a dressé des constats relatifs aux inégalités entre les hommes et les femmes au sein de ces métiers.
Elle porte sur la RTBF, RTL Info et sur les médias de proximité. Le premier constat qui ressort de cette étude est que les femmes sont globalement moins présentes que les hommes dans les métiers de l’audiovisuel. En Belgique francophone, les femmes ne forment que 36% de l’effectif journalistique, un pourcentage bien inférieur à celui d’autres pays européens. L’écart entre le nombre d’hommes et de femmes travaillant dans l’audiovisuel commence à se creuser dès l’âge de 30 ans, et l’absence de femmes devient flagrante après l’âge de 40 ans.
Malgré le fait que les femmes journalistes sont davantage diplômées, l’écart salarial est réel et reste important : avant l’âge de 35 ans, la différence entre les salaires des femmes et ceux des hommes est déjà de 10%. Cela s’explique par le fait que les femmes sont plus présentes dans les emplois précaires et occupent moins de postes de direction, qui sont les mieux rémunérés. La surreprésentation des hommes à des postes à responsabilité peut conduire à développer un mode de management régi par des codes « masculins » (force, autorité, compétitivité, valorisation de l’entre-soi masculin, etc.). En conséquence, les femmes qui occupent ces postes peuvent avoir tendance à adopter le même type de comportements.
La cooptation masculine a une influence sur les carrières au sein de toute entreprise. Les réseaux relationnels et informels alimentés par les hommes jouent un rôle fondamental dans leur ascension professionnelle. Or, les femmes ayant une vie de famille et assumant en grande partie les responsabilités domestiques et familiales n’ont souvent pas le temps, après les heures de travail, d’entretenir ou de créer ces réseaux. En effet, dans l’étude menée par l’AJP (Association des Journalistes Professionnels) plusieurs femmes ont présenté la maternité comme un moment de rupture dans leur carrière, contrairement à leurs homologues masculins. Pour les femmes devenues mères qui décident de rester dans le métier, la maternité peut en effet induire un changement de trajectoire professionnelle puisque les contraintes familiales, qui reposent majoritairement sur elles, rendent l’exercice d’une profession aux horaires atypiques plus compliqué. Or dans la profession journalistique, l'hyper-disponibilité est un facteur essentiel pour pouvoir progresser dans la hiérarchie.
Définition : la ségrégation professionnelle renvoie à la tendance des femmes et des hommes à exercer des métiers différents. Elle entraîne une répartition des hommes et des femmes entre professions et en fonction des secteurs, des lieux de travail et des types de contrats. Il existe deux types de ségrégation.
- La ségrégation horizontale : Les femmes journalistes sont souvent confinées à des contenus spécifiques et des métiers ou fonctions spécifiques. Dans les familles de métiers : les femmes sont minoritaires dans les professions techniques (coordinatrice technique, cameraman, technicienne…) alors que dans la rédaction le déséquilibre est moins marqué. Il ya une segmentation des contenus : les journalistes femmes sont majoritaires dans le traitement de sujets à dimension sociale et sociétale comme la santé, l’éducation ou la famille. Les hommes sont plus nombreux à traiter des sujets comme la technologie, la politique, l’économie ou l'actualité nationale et internationale ;
- La ségrégation verticale : situation dans laquelle les possibilités de progression sont limitées pour un groupe défini. Parmi les jeunes journalistes la parité est quasi atteinte, mais l’écart semble se creuser à partir de 30 ans. La durée de la carrière d’une femme est en moyenne de 17 ans contre 22 ans pour son homologue masculin. Le plafond de verre : les femmes peuvent progresser dans les entreprises jusqu’à un certain niveau seulement. Elles sont donc en grande partie absentes du sommet de la hiérarchie. Source : l'Institut pour l'égalité entre les Femmes et les Hommes.
Une ségrégation horizontale dans l'accès aux métiers et aux contenus
Les femmes dans le journalisme en Belgique font l’objet d’une ségrégation horizontale qui les confine à des contenus, domaines et métiers spécifiques. Dans le milieu de l'audiovisuel, on observe aussi une répartition genrée des fonctions. On peut distinguer trois familles de métiers dans ce secteur : la production, la rédaction et la technique. Selon l’étude du CSA (Conseil Supérieur de l’Audiovisuel) intitulée « l’égalité des genres dans les métiers de l’audiovisuel », la répartition entre les hommes et les femmes est relativement équitable au sein de la famille rédaction. L’écart commence à augmenter dans les métiers de la production et les métiers techniques sont marqués par un véritable déséquilibre entre les hommes et les femmes.
Les femmes sont confinées à des contenus spécifiques et dans des domaines particuliers en raison de leur genre. Les questionnaires auxquels les répondant·e·s ont répondu témoignent effectivement d’une ségrégation genrée des contenus. Par exemple, les femmes journalistes couvrent plus souvent des sujets sociaux ou sociétaux comme la santé ou l’éducation. En revanche, les hommes sont proportionnellement plus nombreux à traiter des thématiques telles que les technologies, l’actualité politique nationale et internationale ou encore le sport.
Une ségrégation verticale dans l'accès aux métiers et aux contenus
Les femmes ont difficilement accès aux postes à responsabilités. Sur les 27 éditeurs de services des médias audiovisuels interrogés pour le questionnaire,22% des femmes en moyenne occupaient des postes à responsabilité. Plus on monte dans la hiérarchie (directeur·ice, administrateur·ice générale, CEO), moins il y a de femmes : 5 femmes pour 22 hommes.
Le premier frein que les femmes rencontrent pour accéder à des postes à responsabilité est la difficulté à concilier la vie privée et la vie professionnelle. D’autres obstacles suivent, comme le partage inégal des tâches ménagères au sein du couple, les horaires irréguliers propres au métier de journaliste ainsi que les contraintes liées à la maternité. Ces aspects sont difficilement conciliables avec les professions de l’audiovisuel.
L’excellence journalistique telle qu’elle est encore communément conçue tend à privilégier certaines formes d’engagements professionnels, comme une disponibilité totale et des horaires très flexibles. Ces dispositions sont plus compliquées à mettre en place pour les femmes puisque la charge dusoin des enfants et des personnes dépendantes pèse plus fortement sur elles. En conséquence, elles ont un rapport au temps qui les oblige à devoir organiser leur présence au travail. A nouveau, il est plus difficile pour elles d’assurer des horaires flexibles ou d’être présentes à des moments plus informels. C’est pourtant lors de ces moments que peuvent s’échanger des informations au sujet de perspectives professionnelles postes ou encore se négocier une promotion.
Harcèlement dans la sphère professionnelle
Les professionnel·les de l’audiovisuel sont également confronté·es à des situations de sexisme, de discrimination et de harcèlement. Ces violences sont elles aussi genrées. Dans l’étude du CSA (Conseil Supérieur de l'Audiovisuel), 33,3% des femmes déclarent avoir été victimes de discrimination contre 7,74% des hommes. Près de 20% des femmes déclarent également qu’il leur est arrivé qu’on se réfère à elles ou à d’autres collègues féminines en des termes offensants. 18,37% d’entre elles ont subi des avances inappropriées et 3,27% ont été victimes d’attouchement.
« Les manifestations du sexisme, les discriminations et les violences peuvent revêtir différentes formes : paroles condescendantes ou infantilisantes, paroles relatives aux compétences et habiletés intellectuelles et humaines, paroles relatives à la sexualité, paroles relatives à la maternité, propagation de rumeurs, harcèlement moral, agression sexuelle ».
L’étude illustre également les réactions et les éventuelles stratégies de défense mises en place par les femmes. Lorsqu’elles sont confrontées à des manifestations sexistes, des discriminations ou des violences, certaines s’effacent parce qu’elles se retrouvent paralysées ou parce qu’elles préfèrent se taire, leur parole ayant souvent un coût. Lorsqu’elles décident de résister, d’affronter le ou les auteurs et d’alerter leur hiérarchie, elles n’ont souvent pas d’autres choix que de s’éloigner de leur environnement professionnel.
#MeToo Médias
En février 2021, 16 plaintes ont été déposées contre Patrick Poivre d’Arvor (présentateur de TF1 télévision française) dont 7 pour viol. Ces révélations ont été rendues publiques par divers médias, dont Médiapart qui a consacré un dossier spécial sur ces faits permettant aux femmes de pouvoir témoigner publiquement. Les médias sont aussi un moyen de lever le tabou sur les violences sexuelles et sexistes, en les rendant plus visibles. Cette visibilité exerce une influence sur les réponses publiques à ces violences. Ces événements ainsi que leur médiatisation sont révélateurs des problématiques qui animent le milieu journalistique. Il ne s’agit pas uniquement de dénoncer le sexisme dans les médias mais également toutes les formes de violences vécues par les femmes et encore trop invisibilisées.
Définition : Le cyberharcèlement regroupe tout type de harcèlement qui fait appel aux nouvelles technologies pour imputer, menacer et insulter les victimes dans l’objectif de les blesser.
Il peut prendre plusieurs formes parmi celles-ci :
- Intimidations, insultes, menaces en ligne ;
- Propagation de rumeurs ;
- Piratage de compte et usurpation d’identité ;
- Publication non consentie de photos et/ou vidéos privées ;
- Caricatures offensantes.
Une enquête de la Fédération Internationale des Journalistes (FIJ) réalisée en 2017 montre qu’une journaliste femme sur deux (43%) a été victime de cyberharcèlement. La vague #MeToo a provoqué un torrent d’insultes sexistes, de menaces de viols et de meurtres qui s’est abattu sur un grand nombre de journalistes. L’objectif était de faire taire les femmes là où elles s’étaient exprimées en premier lieu.
Les journalistes utilisent les réseaux sociaux comme plateforme pour publier et promouvoir leur contenu, avoir davantage d’interactions avec leurs lecteur·ices mais aussi comme des outils d’information. Ils leur permettent également de recueillir des témoignages de terrains ou d’identifier des personnes de référence et expertes pour les aider à couvrir des sujets d'actualité.
Peu de femmes journalistes et de femmes expertes osent s'exprimer sur les réseaux. Car elles sont plus à risque d'être victime de cyberharcèlement.
Les réseaux sociaux sont de réels outils de travail mais les journalistes, à la différence de leurs collègues masculins, sont obligées de les utiliser avec plus de précaution. Lorsqu’une journaliste gagne en visibilité, elle est plus facilement sujette à des violences en ligne que ses homologues masculins. Ces derniers reçoivent moins de remarques sexistes notamment sur leur apparence physique et sont plus enclins à répondre. Ils sont aussi plus susceptibles de retweeter d’autres journalistes hommes et participent ainsi au développement d'un entre-soi masculin sur les réseaux qui peut lui-même amplifier des préjugés sexistes. Les hommes restent donc plus visibles sur les réseaux sociaux et en tirent davantage de bénéfices. Ils apparaissent plus « légimites ». La plupart du temps pour se sentir et se dire légitimes, les femmes attendent de maîtriser la totalité des compétences requises et à surestimer les compétences à acquérir.
« Les menaces virtuelles sont des menaces réelles »
Le cyberharcèlement impacte fortement le bien-être et la carrière du ou de la journaliste qui en fait l’objet. Il provoque de l’anxiété, du stress, de l’autocensure voire même l'abandon de la profession. Ces violences entraînent aussi des conséquences sur l’exercice de la future profession des victimes de harcèlement, car leur manière de travailler change à la suite des traumatismes liés au harcèlement.
Elles vont plus difficilement reprendre la parole sur les réseaux sociaux par peur de se retrouver à nouveau confrontées à des violences. Cela leur donnera pourtant moins de visibilité, donc moins de diffusion de leur travail et plus de difficulté à avancer dans leur carrière et à se construire un carnet d’adresse (sources, témoignages, etc.).
La plupart du temps c’est la victime qui change de comportement et non le harceleur puisque très souvent celui-ci n’est pas puni.
« J’ai l’impression que le harcèlement a toujours été là, que ça faisait partie de ce que je croyais être le revers de la médaille d’une mise en lumière médiatique. Il m’a fallu des années pour comprendre que mes homologues masculins n’y avaient pas droit » explique Myriam Leroy. Internet est trop souvent considéré comme une zone de non droit, et les auteurs de harcèlement mobilisent l’argument de la liberté d'expression, une liberté fondamentale en démocratie mais qui n’est pas absolue.
Il est très important de souligner que la liberté d’expression est encadrée par la loi de 2014. En s’attaquant aux femmes journalistes, on s’attaque à la liberté des médias et à leur pluralisme. C’est pour cela qu’il s’agit d’un problème démocratique. Les médias jouent un rôle de contre-pouvoir, c’est-à-dire de soutien aux revendications de la société civile. Pour cette raison, il est important de défendre la liberté de la presse et de lutter pour la préserver.
Le sexisme dans l’actualité
Les informations restent majoritairement données par des hommes
Une étude effectuée en 2019 par l’AJP (Association des Journalistes Professionnels) a souligné que les femmes représentent en moyenne 15% des intervenantes dans la presse quotidienne. Ce pourcentage reste encore trop bas. Elles sont présentes dans certaines rubriques plus que d’autres.
Dans son étude l’AJP a classé les articles en 3 catégories : informatifs (« information pure »), commentaires (éditoriaux, chroniques,etc.) et articles d’opinion (forums, courriers des lecteurs). Dans ce que l’AJP appelle l’information pure, on trouve 85% d’hommes. De même, dans les articles d’opinion on trouve une majorité écrasante d’hommes (82,86%).
Les journalistes font régulièrement appel à des expert·es pour commenter et développer des sujets. Qui sont ces expert.es ? L’AJP a établi le profil de « l’expert type » : un homme blanc, âgé entre 40 et 60 ans. Il y a très peu de diversité d’origine parmi les expert·es qui interviennent dans les médias de la Fédération Wallonie-Bruxelles. La diversité, l’égalité et la pluralité de l’information pourront être atteintes uniquement si l’on multiplie les sources et les points de vue qui vont commenter ces sources.
Les femmes sont généralement peu présentes dans les contenus médiatiques, et elles sont encore plus rarement interviewées ou appelées à s’exprimer pour leur expertise : 37% en télévision et 17% dans la presse quotidienne.
En presse quotidienne, sur 20 expert·es interrogé·es, 3 seulement sont des femmes. En télévision, sur 20 expert·es interrogé·es, 4 seulement sont des femmes.
L’expertise des associations de terrain
Les associations de terrain font régulièrement appel aux médias afin de visibiliser les réalités sur lesquelles elles travaillent. Cela permet à l’opinion publique de se rendre compte de l’ampleur des réalités. Les violences faites aux femmes sont un exemple parmi tant d’autres. Les associations de terrains mobilisent leurs ressources internes (activités d’éducation permanente, animations, ateliers, actions dans l’espace public sous différentes formes, etc.) pour faire un travail de conscientisation de l’opinion publique. Elles font également appel à des médias plus larges pour toucher un autre public.
Les médias ont également besoin de bénéficier de l’expertise du milieu associatif pour ancrer les reportages ou les articles dans une réalité de terrain. Il est intéressant pour les journalistes de disposer d’un·e intermédiaire qui puisse faire remonter des informations venant directement du terrain.
Les médias permettent également aux associations de terrain de se tenir au plus près de ce qu’il se passe au niveau politique, comme l’adoption de projets de lois sur lesquels elles peuvent, s’appuyer et qu’elles peuvent éventuellement encourager à aller plus loin. Par exemple, en Belgique il n’existe aucune données officielles sur les féminicides. Les associations de terrain qui luttent contre les violences faites aux femmes s’appuient exclusivement sur les chiffres publiés dans la presse pour avoir une idée globale de l’ampleur du phénomène.
En démocratie, les médias occupent une place prépondérante et sont la principale source d’informations, d’idées et d’opinions. Or, plus un groupe est homogène lors d’un débat (par exemple, un groupe composé uniquement d’hommes blancs qui se situent dans une certaine tranche d’âge), plus celui-ci sera manquera de perspectives. Pour qu’un réel débat démocratique ait lieu, il est important d’avoir une pluralité de points de vue.
Des sujets « féminins » ?
Même les spécialisations journalistiques sont imprégnées de disparités de genre. La politique, l’économie et la finance sont des domaines majoritairement couverts par les hommes. Les femmes sont davantage présentes sur des sujets de société, liés à la nature, à l’environnement ou à la santé. L’écart le plus important concerne l’actualité sportive. Dans l’étude menée par l’AJP : 6% des répondantes ont le sport dans leurs spécialisations journalistiques.
Les journalistes femmes sont encore souvent cantonnées à certaines rubriques et d'autant plus lorsqu’il s’agit de journalistes indépendantes qui pour des raisons financières sont poussées à « accepter ce qu’on leur propose ».
La médiatisation des violences faites aux femmes
Les violences faites aux femmes sont souvent abordées dans les médias à des dates clés, à savoir le 8 mars (Journée internationale de lutte pour les droits des femmes) et le 25 novembre (Journée internationale de lutte contre les violences faites femmes). Il est évident que les femmes vivent des violences toute l'année et en dehors de ces deux journées spécifiques. La presse aborden bien souvent les violences faites aux femmes d'une manière qui peut contribuer à la reproduire. Les féminicides, les viols ou les violences conjugales sont classés dans la rubrique « faits divers » et sont souvent théâtralisées. Les médias tendent également à atténuer/diminuer les actes des agresseurs (« il était sous l’emprise de drogue ou d’alcool, jaloux, brisé par la rupture, etc. ») en parlant de « crime passionnel » et de « dispute ». Le choix des mots utilisés pour la rédaction d’une information est très important. Parler de crime passionnel dédouane en partie l’agresseur des actes qu’il a commis, l’accent étant mis sur la passion amoureuse, le rendant ainsi lui-même victime de ses propres passions. Ces faits de violences faites aux femmes sont restitués les uns à la suite des autres de manière isolée et sans les replacer dans un contexte plus global : ces violences font partie d’un système basé sur un rapport de domination des hommes sur les femmes. C’est pour cela qu’il est important de ne pas parler de violences conjugales comme le résultat d’une séparation récente ou d’un conflit, puisque cela les réduit à un incident isolé et non à un phénomène structurel.
Il existe également un déséquilibre au niveau des sources mobilisées dans les articles. Les témoins interrogés représentent souvent les institutions policières, judiciaires ou politiques. La parole est rarement donnée à des associations de terrain, à des centres de refuge pour femmes victimes de violences ou à d’autres associations de femmes qui connaissent les réalités quotidiennes des femmes victimes de violences. C’est à elles qu’il faut s’adresser si l’on souhaite avoir des chiffres de féminicides, puisqu’elles sont les seules pour le moment à les recenser.
Le contenu sexiste des médias
La presse continue à reproduire et diffuser des clichés sexistes. Ce phénomène se remarque surtout dans l’univers politique, au sein duque les hommes sont décrits comme des véritables entrepreneurs politiques à l’inverse des femmes qui sont souvent renvoyées à la sphère domestique et à leur rôle traditionnel. Lorsqu’une femme entre dans le monde politique, les médias ne cessent de la renvoyer à son statut de mère ou d’épouse. La crise sanitaire liée au COVID-19 a montré l’utilisation d’un registre différent par la presse pour décrire la gestion des dirigeant·es des pays européens. À titre d'exemple, un obervateyr évoque dans un article de la Libre Belgique la touche « féminine » de la politique menée par la Première Ministre Sophie Wilmes. En comparaison dans ce même arcticle Emmanuelle Macro adopterait un registre de guerre.
- La vraie Première, article de Frédérci Chardin dans La Libre, 21/03/2020
- Sexisme, Médias et Société, brochure réalisée par la RTBF, 2019 (pdf)
Les médias peuvent, a contrario, contribuer à promouvoir l’égalité des genres. Il existe des initiatives existent comme le média féministe belge Axelle Magazine ou Les Grenades RTBF qui proposent des contenus d’actualités sous le prisme du genre et du féminisme. Les médias peuvent être un moyen de rendre visible les femmes et les violences qu’elles subissent en diversifiant l’information, les sources mobilisées et les perspectives adoptées. Ils peuvent ainsi donner la parole à celles que l’on entend si peu alors même qu’elles sont les premières concernées.
Publicité et sexisme
En tant que consommateurs et consommatrices, nous sommes exposé·es chaque jour à une quantité considérable de messages publicitaires. Par la multiplicité des lieux où elle se trouve, la publicité nous habite inconsciemment qu’on le veuille ou non.
Le sexisme dans les publicités existe encore aujourd’hui n’a malheureusement rien de surprenant. Un grand nombre de publicités continuent encore à présenter les femmes dans des rôles traditionnels et sexués. Nombreux·euses sont les chercheur·euses qui ne cessent de rappeler à quel point les publicités, ainsi que l’école et les médias, ont une influence sur les mentalités et participent à notre socialisation genrée et à notre perception du masculin et du féminin.
La publicité sexiste est une stratégie de communication qui met en scène une inégalité entre les sexes et des représentations stéréotypées du féminin et du masculin. Elle utilise les stéréotypes sexuels, le corps des femmes, la nudité ou la sexualité dans le but de capter l’attention et d’accroître les ventes d’un produit ou d’un service.
Fort heureusement, les mœurs changent petit à petit et quelques publicités tentent d’inverser les rôles. Certains hommes sont mis en scène en exécutant des tâches historiquement assignées aux femmes. Cependant, ces publicités restent encore trop marginales au regard de celles qui caractérisent les produits cosmétiques, les produits ménagers, les voitures, etc.
L'érotisation des femmes dans les publicités
L’érotisation des femmes dans les publicités est un grand classique. Elle est davantage accentuée par ce que l’on appelle le « porno chic »qui consiste à suggérer la sexualité, voire la soumission sexuelle sans dévoiler entièrement le corps de la femme. Ce phénomène touche tout type de produit. Les publicitaires y voient un moyen de toucher leur public. Quand elles sont en avant-plan, les femmes sont présentées comme des séductrices. Elles sont hyper-sexualisées (bouche entrouverte, regard et sourire provocateurs, tenue qui suggère la disponibilité sexuelle, etc.). En même temps, elles peuvent être représentées à l’intérieur de la maison, s’occupant du ménage et des enfants. On utilise aussi les femmes pour vendre des produits aux autres femmes (maquillage, vêtements, bijoux, etc.) mais aussi aux hommes (bière, voiture, montre, etc.).
Les représentations que nous proposent les publicités ne correspondent pas à la réalité mais à des stéréotypes, utilisés à des fin commerciales.
Comment agir ?
En Belgique, la publicité télévisuelle et radiophonique est encadrée légalement par le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel (CSA), organe de régulation chargé de recevoir les plaintes graves relatives au respect de la dignité humaine, aux discriminations, à la protection des mineur·es, etc.
Vous pouvez introduire une plainte sur le site du Conseil Supérieur de l'Audiovisuel. En matière de publicité, l’organisme peut essentiellement agir sur la durée de diffusion des publicités et sur les règles d’insertion dans les programmes. Le CSA a également adopté un positionnement et des lignes directrices en matière de publicités non sexistes.